Friday, May 4, 2012

French Lesson No.2!

Les conjonctions de coordination

et de subordination




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« Sa phrase pleine, claire, longue pourtant et perpétuellement enchaînée de l'une à l'autre par des conjonctions, n'avait pas encore tout à fait secoué le joug du latinisme. »

(Charles-Augustin Sainte-Beuve, Port-Royal, 1842)


« Adipeuses périodes mal liées entre elles par le fil des conjonctions. »

(Joris-Karl Huysmans, À rebours, 1884)


I- Définition et division de conjonctions

La conjonction est un mot invariable du discours qui sert à relier :

deux mots ou groupes de mots : Cette mince et pâle et fine Juliette (Anatole France) ;

deux ou plusieurs propositions : Plus je le fréquente et plus je l'apprécie.

Les conjonctions se divisent en deux grands groupes : les conjonctions de coordination et les conjonctions de subordination.



II- Les conjonctions de coordination

Les conjonctions de coordination sont celles qui relient des mots, des groupes de mots, des propositions ou des phrases : mais, ou, et, donc, or, ni, car. Elles peuvent marquer l'union (et), l'opposition (mais, pourtant), l'alternative ou la négation (ni, ou), la conséquence (donc), la conclusion (ainsi, enfin).

Les conjonctions de coordination se placent entre les éléments qu'elles sont chargées d'unir, ou parfois devant chacun de ses éléments (ou plusieurs d'entre eux). Elles n'ont pas de fonction à l'intérieur de la phrase ou de la proposition parce qu'elles sont de purs liens.

Exercice à trous : Les conjonctions de coordination.



III- Les conjonctions de subordination

Les conjonctions de subordination sont celles qui introduisent une proposition subordonnée conjonctive. Elles établissent une dépendance entre les éléments qu'elles unissent.

Les conjonctions de subordination peuvent avoir des formes simples : que, quand, comme, quoique, si, lorsque, etc. ou une forme composée : alors que, pour que, dès que, tandis que, etc. On pourrait les appeler locutions conjonctives de subordination.

Voici la liste des principales locutions conjonctives de subordination : à cause que, à ce que, à condition que, afin que, ainsi que, alors que, à mesure que, à moins que, après que, à proportion que, à telle enseigne que, attendu que, au cas que (où), au fur et à mesure que, au lieu que, aussi bien que, aussitôt que, autant que, avant que, bien que, cependant que, comme quoi, d'autant plus que, d'autant que, de ce que, de crainte que, de façon que, de manière que, de même que, de peur que, depuis que, de sorte que, dès que, durant que, en cas que, encore que, en sorte que, jusqu'à ce que, loin que, lors même que, malgré que, non moins que, non plus que, outre que, parce que, pendant que, plutôt que, pour que, pourvu que, quand même, sans que, selon que, si ce n'est que, si peu que, si tant est que, sitôt que, suivant que, tandis que, tant que, vu que, etc.



IV- Les conjonctions simples et composés

Certains grammairiens divisent les conjonctions en simples et composées.

Les conjonctions simples sont celles qui s'expriment en un seul mot : mais, donc, aussi, ou, etc.

Les conjonctions composées sont celles qui se forment de plusieurs mots : à moins que, soit que, parce que, par conséquent, etc.


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Conjonctions simples les plus usitées

Conjonctions composées les plus usitées
Ainsi
Car
Cependant
Comme
Donc
Si
Et
Quand
Ni
Ou
Or
Puis
Que
Pourtant
Lorsque
Néanmoins
Toutefois
Sinon
Mais
Soit
Enfin
Puisque
Au reste
Au surplus
Ainsi que
À moins que
Bien que
Tandis que
Aussitôt que
De peur que
Par conséquent
C'est-à-dire
D'ailleurs
Vu que
En outre
Au contraire
De plus
De manière que
De sorte que
Parce que
Alors que




V- Remarques

Si, devant un adjectif ou un adverbe, est lui-même adverbe.

Exemples : Il est si grand. Ne parlez pas si fort.

Dans tout autre cas, si est une conjonction qui introduit soit une condition (à laquelle correspond une conséquence dans la principale), soit une simple supposition ou éventualité.

Exemple : Si je suis triste, je me trouve grotesque. (André Gide)


On écrit parce que en deux mots quand la conjonction signifie attendu que.

Exemple : Parce que vous étiez jeune, faut-il que vous soyiez léger ?

Par ce que s'écrit en trois mots quand la conjonction signifie par la chose que.

Exemple : Par ce que vous m'avez dit, j'ai pu juger.


On écrit quoique en un mot quand la conjonction signifie par la chose que. Elle introduit une proposition circonstancielle d'opposition ou de concession (suivi normalement du subjonctif).

Exemple : Quoique les avares soient riches, ils ne sont pas heureux.

Quoi que s'écrit en deux mots quand la conjonction signifie quelque chose que.

Exemple : Quoi que vous entrepreniez, vous ne réussirez pas.


Distinguez quand, conjonction, de quant, préposition. La première signifie lorsque, à quelle époque.

Exemple : Je partirai quand il fera beau.

La deuxième (quant) est toujours suivie de la préposition à, et signifie à l'égard de.

Exemple : Quant à mes parents, je les aime et les respecte.


French Lesson No.1!

La place des pronoms personnels



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I- Introduction
Il n'y a point de difficulté sur la place des pronoms personnels en sujet : il ne s'agit que de connaître l'usage. Les Grammairiens ont imaginé que les pronoms de la première personne sont plus nobles que ceux de la seconde, et que ceux de la seconde le sont plus que ceux de la troisième. L'accord des verbes avec les pronoms sujets se règle sur cette préséance. Nous nous bornerons à marquer la place qu'on doit leur assigner.
II- Place des pronoms personnels dans la phrase déclarative
En français, la personne qui parle se nomme toujours la dernière, et la personne à qui l'on parle est toujours nommée la première.
Exemples : Vous et moi nous iront ce soir au parc. — Vous, votre frère et moi, nous souperons ensemble.
Les pronoms me, te, se, leur, le, la, l', les, y, et en, ainsi que nous, vous, et lui, eux, elle et elles sans préposition, se placent ordinairement avant les verbes dont ils sont le régime.
Exemples : Il me dit. Je te vois. Elle leur a parlé. Je lui donnai. Je les aime. Vous y penserez. J'en suis ravi.
Les pronoms personnels moi, toi, soi, nous, vous, lui, eux, elle et elles, se placent après le verbe, quand ils sont précédés d'une préposition.
Exemples : Le vice entraîne avec soi bien des maux. — Je pense à vous. Comme on conseillait à Philippe, père d'Alexandre, de chasser de ses étals un homme qui avait mal parlé de lui : Je m'en garderai bien, dit-il, il irait par tout médire de moi.
III- Place des pronoms personnels dans la phrase impérative
Dans les phrases impératives avec affirmation : moi, toi, soi, nous, vous, lui, leur, eux, elle, elles, le, la, l', les, y et en, se placent après le verbe.
Exemples : Dites-moi ce qui en est. — Donnez-en. — Songez-y.
Dans les phrases impératives avec négation : me, te, se, nous, vous, lui, leur, le, la, l', les, y et en, se placent avant le verbe.
Exemples : Ne me dites ce qui en est. — Ne nous en donnez pas. — N'y pensez plus. Ne le voyez pas aussi souvent.
Quand il y a deux impératifs unis par les conjonctions et, ou, il est mieux de placer le pronom avant le dernier verbe. Ce n'est néanmoins qu'une élégance.
Exemples : Courez apaiser votre frère et vous réconcilier avec lui. Polissez-le sans cesse, et le repolissez. Protégez-les fortement, ou les abandonnez à leur destinée.
Quand plusieurs pronoms accompagnent un verbe, me, le, se, nous, vous, doivent être placés les premiers ; le, la, les, se placent avant lui, leur ; enfin y, en, sont toujours les derniers.
Exemples : Prêtez-moi votre livre, je vous le remettrai demain ; si vous me le refusez, je saurai m'en passer. Aurez-vous le courage de le leur dire ? Il n'a pas voulu vous y métier.
Dans la phrase impérative avec affirmation, le, la, les, se placent toujours les premiers.
Exemples : Offrez-le-lui. Donnez-le-moi. Conduisezles-y.
Dans la phrase impérative, moi doit se placer après y.
Exemples : Conduisez-y-moi. Mais on dit : menez-nous-y.
IV- Remarque
Lorsqu'il y a deux verbes, on place ordinairement les pronoms auprès du verbe qui les régit : on ne peut vous blâmer ; mais ce serait une faute de dire : on ne vous peut pas blâmer. Il serait ridicule de dire je m'aurais voulu procurer ce plaisir. Il faut dire : j'aurai voulu me procurer ce plaisir. On fait souvent cette faute.
En voici une autre que l'on commet plus souvent encore : c'est de mettre le pronom avant un verbe suivi de deux infinitifs joints par les conjonctions et, ni, ou, quoique ce pronom n'ait aucun rapport au second infinitif. On ne doit pas dire : elle ne se peut consoler ni recevoir aucun avis, parce que se n'est point régi par recevoir. On doit dire : elle ne peut se consoler, ni recevoir aucun avis.

Thursday, March 15, 2012

Notice!

 I'll be gone these next two weeks..so there won't be any updates! But ,promise, there will be when i come back from my vacation!! Bye! =))))

Dictionnaries!


Another dictionnary, more amazing and more interesting!! I advise you to check it out and may be you'll be addicted to it as I am!! it gives you the definition you're looking for with examples and their translation in the language you requested!! Amazing, isn't it?? Well, go and check it out!


                        http://www.linguee.fr/francais-anglais/traduction/

Wednesday, March 14, 2012

Dictionnaries!

A dictionnary that has it all! it has idioms/acronyms/encyclopedia/legal*medical*financial dictionnary

http://idioms.thefreedictionary.com/

Enjoy!

Are you bored!! well play scrabble! You don't always do good at them!! Here's a websit that will be just the thing for you

              http://www.wordplays.com/fcgi-bin/scrabble_master.pl

   Enjoy!

Need help? Ask!

http://www.accepted.com/medical/EssayFlawsCourseMed.aspx
Another wrbsite to help you with writting essays. It's very useful!

Saturday, March 3, 2012

Students Nightmare!!!

It's a nightmare for all students!! Did you figure out what i'm talking about?? Yes, I am talking about "writing an essay"...Well i'm happy to say I've just found, and decided to share, a great website to help you improve your writing skills and write better essays!! it contains great advice and essays alredy written and discussed!! I hope you'll benefit from it!!! Say thank you to Me ;))!

                                                   http://academicenglishcafe.com/

Tuesday, February 21, 2012

English Lessons!

I'm back with my english lessons! Today, it's a lesson i know you'll benefit from!! Enjoy!

Telephone: language expert

     Multi-word verbs

One thing you can do to improve your telephone skills is to learn some of the multi-word verbs that are commonly used in telephone conversations. Most of them are featured in this module. Hold on means 'wait' – and hang on means 'wait' too. Be careful not to confuse hang on with hang up! Hang up means 'finish the call by breaking the connection' – in other words: 'put the phone down.'
Another phrasal verb with the same meaning as hang up is ring off. The opposite of hang up / ring off is ring up – if you ring somebody up, you make a phone call. And if you pick up the phone, (or pick the phone up) you answer a call when the phone rings.

"Hang on a second..."

If you are talking to a receptionist, secretary or switchboard operator, they may ask you to hang on while they put you throughput through means to connect your call to another telephone. With this verb, the object (you, me, him, her etc.) goes in the middle of the verb: put you through.

But if you can't get through to (contact on the phone) the person you want to talk to, you might be able to leave a message asking them to call you back. Call back means to return a phone call – and if you use an object (you, me, him, her etc.), it goes in the middle of the verb: call you back.

Saturday, February 18, 2012

Translating Pushkin!

Portrait of Pushkin


          (From the website: http://www.pushkins-poems.com/)

In the hope of making Pushkin available to more readers, especially those who have only a slight knowledge of Russian, or none at all, this web site is dedicated to providing a translation of some of his poems. The Russian text is set alongside the translation, to provide easy comparisons for those who wish to make their own efforts. There is very little of Pushkin available on the Internet in English, and this site was, at the time of writing (2001), the only one that provided an English version of Yevgeny (Eugene) Onegin.
All of Yevgeny Onegin and a few other poems are currently available, both in Russian and English. The Gypsies has been recently added (Sept 2009).

Below is one of Pushkin's well known poems. The Russian text is presented as a photographic image, to obviate the possible difficulty of downloading Russian script.
From April 2010 some early Chekhov short stories have been added. Check the link above to see what is available.







By A. Pushkin

If I walk the noisy streets,
Or enter a many thronged church,
Or sit among the wild young generation,
I give way to my thoughts.

I say to myself: the years are fleeting,
And however many there seem to be,
We must all go under the eternal vault,
And someone's hour is already at hand.

When I look at a solitary oak
I think: the patriarch of the woods.
It will outlive my forgotten age
As it outlived that of my grandfathers'.

If I caress a young child,
Immediately I think: farewell!
I will yield my place to you,
For I must fade while your flower blooms.

Each day, every hour
I habitually follow in my thoughts,
Trying to guess from their number
The year which brings my death.


And where will fate send death to me?
In battle, in my travels, or on the seas?
Or will the neighbouring valley
Receive my chilled ashes?

And although to the senseless body
It is indifferent wherever it rots,
Yet close to my beloved countryside
I still would prefer to rest.


And let it be, beside the grave's vault
That young life forever will be playing,
And impartial, indifferent nature
Eternally be shining in beauty.

Views of St. Petersburg in the 19th Century





TRANSLATOR'S NOTE.

This translation of Yevgeny Onegin was done between January 2000 and February 2001 as a project for the Internet. It is not intended to supercede all other translations. The reality is that very little Pushkin in English was to be found on the Internet at the time of writing. Even the two providers of free texts, Project Gutenberg and the Oxford Text Archive, offer nothing at all of Pushkin's (Jan 2001). [Now however I am glad to say that more is available.]
The intention of this web site is to make some of Pushkin's work freely available in English to all who have access to a computer. The English translation offered is provided for those who cannot read the Russian, but who still wish to read Pushkin, and also as an aid to students. It has tried to follow the original fairly closely, so that as far as possible the English reader can see which line of the original the translation derives from. Nevertheless some freedom has been used, in particular by abandoning Pushkin's rhyme scheme. This is impossible to copy in English with any accuracy or fidelity to the sense. Many attempts have been made, and one looks in wonder at the achievements of translators, but I have often felt that the sheer cleverness of English translations distracts from the original and leads one away from Pushkin. This does not mean that I eschew verse and rhyme completely. Indeed I have been happy to pluck rhymes from the air, and I have been happy also to use hidden and oblique rhymes, wherever it improves the flow of language, or helps to suggest the subtlety and vivacity of the original. I have used more freedom in the translation of the closing couplets than elsewhere, as I believe that doing so preserves more of the spirit of Pushkin than could be achieved by adhering to a more wooden and technically accurate translation. The main aim has been to convey as much as possible of Pushkin's liveliness, the sheer abundance of his invention, and the daring unexpectedness of his wit. There is nothing like it in English literature, and non-Russian readers are depriving themselves of a great treasure by ignoring it. I hope this web site will go some way towards remedying this lack.
It is of course not possible to please everyone. That would be more than a minor miracle, as no doubt even the original was and is disliked by a few readers. I suspect my translation will appeal more to native English speakers than to Russians, since in some places it is slightly irreverent, although I trust that Pushkin's sense of humour would have ensured that he himself would not have felt offended.
I am conscious of inadequacies in the translation, some of which might be remediable, but others which it will probably be impossible to eradicate. Apologies also for any errors in the Russian text. Please keep me informed of these and I will do my best to correct them.
The translation is by G. R. Ledger.
Best wishes to all. И да поможет Господь всем бесприютным скитальцам.



G.R.Ledger. Aug. 2009.

Monday, February 13, 2012

25 ‘Rules’ for Translating Poetry!

25 ‘Rules’ for Translating Poetry from Popescu Shortlistees




David Colmer was born in Adelaide in 1960. Since moving to Amsterdam in the early 1990s, he has published a wide range of translations of Dutch literature, including the brilliant, IMPAC-winning The Twin. He is also a published author of fiction, and in 2009 was awarded the biennial NSW Premier’s Translation Prize. He was shortlisted for his translation of Ramsey Nasr’s Heavenly Life.
I’m not overly fond of rules, and reading other translators’, although enjoyable, tends to make me aware of my own failure to live up to them, even when I think the rules in question are sensible and almost inarguable: things like “only translate from languages you know well” or “always read your translations out loud.” Because of this, I’ll phrase mine as aphorisms rather than rules and only give four. I’ve often heard variations on the first two at translation workshops and readings here in the Netherlands, but after twenty years of translating from Dutch I am still more than capable of making embarrassing errors when I forget them and the less experienced a translator is with the source language, the more crucial they’re likely to be.
1/. A word or phrase of the original that seems peculiar or striking might be a very normal way of putting it.
2/. A word or phrase of the original that seems very normal might be a peculiar or striking way of putting it.
My last two observations relate specifically to something I’ve been pondering a lot lately, the translation or non-translation (or half-translation?) of rhyme in poetry, but I think they can be extrapolated to other situations where form and content clash and demand some kind of compromise. Others might disagree, but for me:
3/. The ugliness of a bad rhyme has more impact than the beauty of a good rhyme;
&
4/. A clever rhyme can’t make up for a bad line.



#



   Judith Wilkinson is a British poet and translator. She grew up in the Netherlands and is fully bilingual. Her translation of Toon Tellegen’s About Love and About Nothing Else was published by Shoestring Press in 2008; her translation of his Raptors, published in February 2011, was shortlisted for the Popescu. You can find her at judithwilkinson.net.


1. Choose poems you love or at least find compelling. This will motivate you to do them justice in translation.
2. Cultivate relaxation, particularly when you hit a brick wall (easier said than done). Your thinking tends to be less linear when you are relaxed, so this can be a time when solutions present themselves. Contradictory as this may sound, it is worth experimenting consciously with relaxing the mind (even without a stiff whisky). If you happen to enjoy meditation, allow a problematic phrase to float through your mind like a mantra, or try out some other relaxation technique soon after obsessing over a knotty problem.
3. Assume that there is a solution (even if there isn’t always such a thing) and that the language into which you are translating is rich enough to yield wonders equal to those of the original poem. Trust can be a catalyst when teasing out solutions. There is always room to manoeuvre in; even a sonnet is a spacious thing.
4. It’s all right to be messy. Sometimes, in the process of tackling different aspects of a poem, you might feel that the poem is being deconstructed to the point of chaos. Allow the chaos, and allow yourself time – Stravinsky once said that he found it was important to ‘know when to wait’ – so that the poem can gradually reassemble itself into an organic whole. It helps to have many poems on the boil simultaneously, so you can be in a quandary in one place and happy in another.
5. Memorise your translation if you are having difficulty with it. In this way you can live with a poem and play around with it at any given time.
6. The musicality of a poem is not an arbitrary embellishment. Try to get a feel for it and let your translation capture it, without being too dogmatic about technique. When you have completed a translation, ask yourself if this is a poem the poet could have written, had he or she been working in the target language.
7. If you are drawn to a poem without fully understanding it, start translating it straightaway. Translation is an excellent way of ‘climbing inside a poem’ and getting to grips with it.
8. Discuss the poem and the translation with as many people as possible. Try out the translation on some native speakers to see if it works as a poem in its own right.
9. Ask yourself if the translation sounds like contemporary spoken language. If the answer is no, then ask yourself if there is good reason for this. Of course poetry is a concentrated or heightened form of language, but it can still be a useful question to ask. There may be times when you are initially satisfied with a translation because it appears to flow well, only to realise later that it has veered too far from everyday spoken language and is unnaturally rhetorical or even archaic.
10. Rhythm has something to do with emphasis, with having the stress fall on key words, and so it doesn’t necessarily matter if the shape of a poem and the length of its lines are different in translation – unless of course you are dealing with strict metres and rhyme schemes, where there are clearer boundaries.
11. Respect the poet’s wishes as well as your own, and don’t expect a working relationship to develop overnight. You’re handling someone else’s baby. If you can’t reach a satisfactory end-result, ditch the translation.



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  George Messo is a poet, editor and teacher, and a leading translator of Turkish poetry. His many books include From the Pine Observatory (2000), Entrances (2006), and Hearing Still (2009), as well as two books in Turkish: Aradaki Ses (The In-between Voice, 2005) and Avrupa’nın Küçük Tanrıları (The Little Gods of Europe, 2007). His translations include İlhan Berk’s A Leaf about to Fall: Selected Poems (2006), Madrigals (2008), and Berk’s epic poetic trilogy The Book of Things (2009). His anthologies include İkinci Yeni: The Turkish Avant-Garde (2009) and From This Bridge: Contemporary Turkish Women Poets (2010). He has twice been shortlisted for the Popescu European Poetry Translation Prize (including this year), and was a Hawthornden Fellow in poetry during 2002. His critical study, Into the Labyrinth: Essays on Modern Turkish Poetry, is forthcoming. Messo is the former editor of Near East Review and in 2008 he was elected a Fellow of The Royal Asiatic Society. He can also be found at http://georgemesso.wordpress.com/.


1. “Untranslatable” — the most alluring, provocative word in the language. Circle it. Prod it. Give it a kick. See if it moves.
2. Respect without reverence. Translation isn’t a faith. It’s not a free lunch either. Believe whatever you like but keep your hands in your pockets.
3. Translation is play. Toy with the poem. Throw it around. Take it apart, even if you haven’t a clue how to put it back together.
4. Slash and burn. Revise your way to the poem. Erase. Re-write. Reduce. Destroy. Begin again. Go on beginning again.
5. Suspect the myths of bilingualism. Trust that the right word in the wrong place still has something to say.
6. Be political. Know the weight and value of what others do in your field. Talk about them. Study them. Write about their work.
7. Nothing is lost. To the reader for whom the source is mute translation is a gift of speech.
8. Own it. You made it, so nurture it.
9. Keep knocking. Shape all the silent energy of a closed door into a knock. Turn pleas into invitations; solicit on the poem’s behalf. Build a case for your poets, for the poems you love.
10. Dig your own well. Where there’s water, don’t stand back for a minute. And drink according to need.

Tuesday, February 7, 2012

Ten Rules for Translating!

Ten Rules for Translating: Humphrey Davies and Jonathan Wright

Writers' rules are everywhere. Blah, blah, blah. What about translators?

When I first began gathering “rules for translating,” in the vein of these “rules for writing” (and these), I was expecting newspapers and magazines to elbow each other out of the way for such illuminating material. Really.
So far, no actual elbowing. But it makes little sense for them to hang out in my inbox, although what follows is just a taster: a few rules from two-time Banipal prize winner and “Independent Foreign Fiction Prize” shortlisted translator Humphrey Davies, and Independent Foreign Fiction Prize longlisted Jonathan Wright, the translator of Taxi, Azazel, and Madman of Freedom Square.


Humphrey Davies.

(1) Only translate what you like.
(2) Consult the author about everything you don’t understand, and if s/he’s not alive, consult another native speaker who reads widely and intelligently.
(3) Don’t consult native speakers who don’t read widely and intelligently.
(4) Make three drafts, wait a month, and make a fourth.
(5) Don’t hesitate to make changes at any later stage whatever snide comments you may get from editors.
(6-10) Translate nothing till you have a contract for it.


Jonathan Wright

(1) On your first draft, don’t waste time wondering how to deal with a word or concept that starts coming up and appears problematic. The answer will come to you in a dream before you reach the end of the book.
(2) Don’t calculate how many hours you spent translating the last 1,000 words. It might be depressing. Think of it as a form of recreation, like doing The Times crossword, not as a form of working.
(3) Try to persuade your editors that not all writers in Arabic think that repeating a word is a criminal offence. Sometimes they do so deliberately.
(4) Don’t hesitate to enjoy those moments when you find the author has misconjugated the 3rd person feminine plural of a doubled verb, for example, or miswritten the hamza on some strange word. Tell yourself that even if you can’t write a novel, your morphology and orthography are impeccable.
(5) Also enjoy those moments when you see that a word has shifted its semantic range in the many decades since they last updated Arabic-Arabic dictionaries. See it as reassuring proof that Arabic is a normal language.
(6) Always ask the author lots of questions, even at the risk of trying their patience. But be diplomatic when the text is clearly deficient in some way.
(7) Since you’ll probably end up working with both British and American publishers, rapidly familiarize yourself with both traditions – not just spelling of course, but punctuation, relative pronouns and the parts of irregular verbs. You can’t fight City Hall, even if everyone around you in your formative years always said ‘smelt’ rather than ‘smelled’.
(8) If you’re feeling philanthropic, record words and usages that are not in the standard dictionaries, preferably with source and date, OED style. One day we will pool them in one central database and save future translators much anguish.
(9) When you have a Quranic passage to translate, be bold and do it yourself. All of the existing translations are seriously flawed stylistically, in one way or another. But Tarif Khalidi’s new translation brings a welcome freshness.
(10) When negotiating terms, remember that an English translation is at least 20 percent more ‘wordy’ than the equivalent Arabic text. Twenty percent is worth bargaining for.

Tuesday, January 31, 2012

Interesting!

You love shakespear, but it's just so hard sometimes to understand some of the lines of his plays because of their difficult english???
Well, it's your lucky day. here's a website that it will be just "THE THING" for you!
It's: http://nfs.sparknotes.com/ ..


 

Original Text                     

Enter BARNARDO and FRANCISCO, two sentinels
BARNARDO and FRANCISCO, two watchmen, enter.

BARNARDO
Who’s there?
BARNARDO
Who’s there?

FRANCISCO
Nay, answer me. Stand and unfold yourself.
FRANCISCO
No, who are you? Stop and identify yourself.

BARNARDO
Long live the king!
BARNARDO
Long live the king!

FRANCISCO
Barnardo?
FRANCISCO
Is that Barnardo?

BARNARDO
He.
BARNARDO
Yes, it’s me.

FRANCISCO
You come most carefully upon your hour.
FRANCISCO
You’ve come right on time.

5
BARNARDO
'Tis now struck twelve. Get thee to bed, Francisco.
BARNARDO
The clock’s just striking twelve. Go home to bed, Francisco.

FRANCISCO
For this relief much thanks. 'Tis bitter cold,
And I am sick at heart.
FRANCISCO
Thanks for letting me go. It’s bitterly cold out, and I’m depressed.

BARNARDO
Have you had quiet guard?
BARNARDO
Has it been a quiet night?

FRANCISCO
Not a mouse stirring.
FRANCISCO
I haven’t even heard a mouse squeak.



10
BARNARDO
Well, good night.
If you do meet Horatio and Marcellus,
The rivals of my watch, bid them make haste.
BARNARDO
Well, good night. If you happen to see Horatio and Marcellus, who are supposed to stand guard with me tonight,
tell them to hurry.

FRANCISCO
I think I hear them.—Stand, ho! Who’s there?
FRANCISCO
I think I hear them. —Stop! Who’s there?
Enter HORATIO and MARCELLUS
MARCELLUS and HORATIO enter.





No Fear Free Online
No Fear Shakespeare puts Shakespeare's language side-by-side with a facing-page translation into modern English—the kind of English people actually speak today.

All No Fear Shakespeare Titles

Antony and Cleopatra
As You Like It
The Comedy of Errors
Hamlet
Henry IV, Part I
Henry IV, Part II
Henry V
Julius Caesar
King Lear
Macbeth
The Merchant of Venice
A Midsummer Night’s Dream
Much Ado About Nothing
Othello
Richard III
Romeo and Juliet
Sonnets
The Taming of the Shrew
The Tempest
Twelfth Night

Monday, January 30, 2012

William Shakespeare : Préface par Victor Hugo

   Voila la préface que victor hugo a écrit à propos de la traduction du Shakespeare!!! Enjoy!
Préface de la nouvelle traduction des œuvres de Shakespeare

I


Une traduction est presque toujours regardée tout d’abord par le peuple à qui on la donne comme une violence qu’on lui fait. Le goût bourgeois résiste à l’esprit universel.
Traduire un poëte étranger, c’est accroître la poésie nationale ; cet accroissement déplaît à ceux auxquels il profite. C’est du moins le commencement ; le premier mouvement est la révolte. Une langue dans laquelle on transvase de la sorte un autre idiome fait ce qu’elle peut pour refuser. Elle en sera fortifiée plus tard, en attendant elle s’indigne. Cette saveur nouvelle lui répugne. Ces locutions insolites, ces tours inattendus, cette irruption sauvage de figures inconnues, tout cela, c’est de l’invasion. Que va devenir sa littérature à elle ? Quelle idée a-t-on de venir lui mêler dans le sang cette substance des autres peuples ? C’est de la poésie en excès. Il y a là abus d’images, profusion de métaphores, violation des frontières, introduction forcée du goût cosmopolite dans le goût local. Est-ce grec ? c’est grossier. Est-ce anglais ? c’est barbare. Apreté ici, âcreté là. Et, si intelligente que soit la nation qu’on veut enrichir, elle s’indigne. Elle hait cette nourriture. Elle boit de force, avec colère, Jupiter enfant recrachait le lait de la chèvre divine.
Ceci a été vrai en France pour Homère, et encore plus vrai pour Shakespeare.
Au dix-septième siècle, à propos de madame Dacier, on posa la question : Faut-il traduire Homère ? L’abbé Terrasson, tout net, répondit non. La Mothe fit mieux ; il refit l’Iliade. Ce La Mothe était un homme d’esp rit qui était idiot. De nos jours, nous avons eu en ce genre M. Beyle, dit Stendhal, qui écrivait : Je préfère à Homère les mémoires du maréchal Gouvion Saint-Cyr.
— Faut-il traduire Homère ? — fut la question littéraire du dix- septième siècle. La question littéraire du dix-huitième fut celle-ci : — Faut-il traduire Shakespeare ?

II

         « Il faut que je vous dise combien je suis fâché contre un nommé Letourneur, qu’on dit secrétaire de la librairie, et qui ne me paraît pas le secrétaire du bon goût. Auriez-vous lu les deux volumes de ce misérable ? il sacrifie tous les Français sans exception à son idole (Shakespeare), comme on sacrifiait autrefois des cochons à Cérès ; il ne daigne pas même nommer Corneille et Racine. Ces deux grands hommes sont seulement enveloppés dans la proscription générale, sans que leurs noms soient prononcés. Il y a déjà deux tomes imprimés de ce Shakespear, qu’on prendrait pour des pièces de la foire, faites il y a deux cents ans. Il y aura encore cinq volumes. Avez-vous une haine assez vigoureuse contre cet impudent imbécile ? Souffrirez-vous l’affront qu’il fait à la France ? Il n’y a point en France assez de camouflets, assez de bonnets d’âne, assez de piloris pour un pareil faquin. Le sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui. Ce qu’il y a d’affreux, c’est que le monstre a un parti en France, et pour comble de calamité et d’horreur, c’est moi qui autrefois parlai le premier de ce Shakespear ; c’est moi qui le premier montrai aux Français quelques perles que j’avais trouvées dans son énorme fumier. Je ne m’attendais pas que je servirais un jour à fouler aux pieds les couronnes de Racine et de Corneille pour en orner le front d’un histrion barbare. »
     A qui est adressée cette lettre ? à La Harpe. Par qui ? par Voltaire. On le voit, il faut de la bravoure pour être Letourneur.
     Ah ! vous traduisez Shakespeare ? Eh bien, vous êtes un faquin ; mieux que cela, vous êtes un impudent imbécile ; mieux encore, vous êtes un misérable. Vous faites un affront à la France. Vous méritez toutes les formes de l’opprobre public, depuis le bonnet d’âne, comme les cancres, jusqu’au pilori, comme les voleurs. Vous êtes peut-être un « monstre.  Je dis peut-être, car dans la lettre de Voltaire monstre est amphibologique ; la syntaxe l’adjuge à Letourneur, mais la haine le donne à Shakespeare.
Ce digne Letourneur, couronné à Montauban et à Besançon, lauréat académique de province, uniquement occupé d’émousser Shakespeare, de lui ôter les reliefs et les angles et de le faire passer, c’est-à-dire de le rendre passable, ce bonhomme, travailleur consciencieux, ayant pour tout horizon les quatre murs de son cabinet, doux comme une fille, incapable de fiel et de représailles, poli, timide, honnête, parlant bas, vécut toute sa vie sous cette épithete, misérable, que lui avait jetée l’éclatante voix de Voltaire, et mourut à cinquante-deux ans, étonné.

III

       Letourneur, chose curieuse à dire, n’était pas moins bafoué par les Anglais que par les Français. Nous ne savons plus quel lord, faisant autorité, disait de Letourneur : pour traduire un fou, il faut être un sot. Dans le livre intitulé William Shakespeare, publié récemment, on peut lire, réunis et groupés, tous ces étranges textes anglais qui ont insulté Shakespeare pendant deux siècles. Au verdict des gens de lettres, ajoutez le verdict des princes. Georges Ier, sous le règne duquel, vers 1726, Shakespeare parut poindre un peu, n’en voulut jamais écouter un vers. Ce Georges était « un homme grave et sage » (Millot), qui aima une jolie femme jusqu’à la faire grand-écuyer. Georges II pensa comme Georges Ier. Il s’écriait : — Je ne pourrais pas lire Shakespeare. Et il ajoutait, c’est Hume qui le raconte : — C’est un garçon si ampoulé ! — (He was such a bombast fellow ! ) L’abbé Millot, historien qui prêchait l’Avent à Versailles et le Carême à Lunéville, et que Querlon préfère à Hénault, raconte l’influence de Pope sur Georges II au sujet de Shakespeare. Pope s’indignait de l’orgueil de Shakespeare, et comparait Shakespeare à un mulet qui ne porte rien et qui écoute le bruit de ses grelots. Le dédain littéraire justifiait le dédain royal. Georges III continua la tradition. Georges III, qui commença de bonne heure, à ce qu’il paraît, l’état d’esprit, par lequel il devait finir, jugeait Shakespeare et disait à miss Burney :
— Quoi ! n’est-ce pas là un triste galimatias ? quoi ! quoi ! — (What ! is there not sad stuff ? what ! what ! )
On dira : ce ne sont là que des opinions de roi. Qu’on ne s’y trompe point, la mode en Angleterre suit le roi. L’opinion de la majesté royale en matière de goût est grave de l’autre côté du détroit. Le roi d’Angleterre est le leader suprême des salons de Londres. Témoin le poëte lauréat, presque toujours accepté par le public. Le roi ne gouverne pas, mais il règne. Le livre qu’il lit et la cravate qu’il met, font loi. Il plaît à un roi de rejeter le génie, l’Angleterre méconnaît Shakespeare ; il plaît à un roi d’admirer la niaiserie, l’Angleterre adore Brummel.
   Disons-le, la France de 1814 tombait plus bas encore quand elle permettait aux Bourbons de jeter Voltaire à la voirie.

IV      Le danger de traduire Shakespeare a disparu aujourd’hui.

     On n’est plus un ennemi public pour cela.
     Mais si le danger n’existe plus, la difficulté reste.
     Letourneur n’a pas traduit Shakespeare ; il l’a, candidement, sans le vouloir, obéissant à son insu au goût hostile de son époque, parodié.
Traduire Shakespeare, le traduire réellement, le traduire avec confiance, le traduire en s’abandonnant à lui, le traduire avec la simplicité honnête et fière de l’enthousiasme, ne rien éluder, ne rien omettre, ne rien amortir, ne rien cacher, ne pas lui mettre de voile là où il est nu, ne pas lui mettre de masque là où il est sincère, ne pas lui prendre sa peau pour mentir dessous, le traduire sans recourir à la périphrase, cette restriction mentale, le traduire sans complaisance puriste pour la France ou puritaine pour l’Angleterre, dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le traduire comme on témoigne, ne point le trahir, l’introduire à Paris de plain-pied, ne pas prendre de précautions insolentes pour ce génie, proposer à la moyenne des intelligences, qui a la prétention de s’appeler le goût, l’acceptation de ce géant, le voilà ! en voulez-vous ? ne pas crier gare, ne pas être honteux du grand homme, l’avouer, l’afficher, le proclamer, le promulguer, être sa chair et ses os, prendre son empreinte, mouler sa forme, penser sa pensée, parler sa parole, répercuter Shakespeare de l’anglais en français, quelle entreprise !

V

      Shakespeare est un des poètes qui se défendent le plus contre le traducteur.
La vieille violence faite à Protée symbolise l’effort des traducteurs. Saisir le génie, rude besogne. Shakespeare résiste, il faut l’étreindre ; Shakespeare échappe, il faut le poursuivre.
Il échappe par l’idée, il échappe par l’expression.
     Rappelez-vous le unsex, cette lugubre déclaration de neutralité d’un monstre entre le bien et le mal, cet écriteau posé sur une conscience eunuque. Quelle intrépidité il faut pour reproduire nettement en français certaines beautés insolentes de ce poëte, par exemple le buttock of the night, où l’on entrevoit les parties honteuses de l’omb re. D’autres expressions semblent sans équivalents possibles ; ainsi green girl, fille verte, n’a aucun sens en français.   
     On pourrait dire de certains mots qu’ils sont imprenables. Shakespeare a un sunt lacrymœ rerum. Dans le we have kissed away kingdoms and provinces, aussi bien que dans le profond soupir de Virgile, l’indicible est dit. Cette gigantesque dépense d’avenir faite dans un lit, ces provinces s’en allant en baisers, ces royaumes possibles s’évanouissant sur les bouches jointes d’Antoine et de Cléopâtre, ces empires dissous en caresses et ajoutant inexprimablement leur grandeur à la volupté, néant comme eux, toutes ces sublimités sont dans ce mot kissed away kingdoms.
Shakespeare échappe au traducteur par le style, il échappe aussi par la langue. L’anglais se dérobe le plus qu’il peut au français. Les deux idiomes sont composés en sens inverse. Leur pôle n’est pas le même ; l’anglais est saxon, le français est latin. L’anglais actuel est presque de l’allemand du quinzième siècle à l’orthographe près. L’antipathie immémoriale des deux idiomes a été telle, qu’en 1095 les normands déposèrent Wolstan, évêque de Worcester, pour le seul crime d’être une vieille brute d’anglais ne sachant pas parler français. En revanche on a parlé danois à Bayeux. Duponceau estime qu’il y a dans l’anglais trois racines saxonnes sur quatre. Presque tous les verbes, toutes les particules, les mots qui font la charpente de la langue, sont du Nord. La langue anglaise a en elle une si dangereuse force isolante que l’Angleterre, instinctivement, et pour faciliter ses communications avec l’Europe, a pris ses termes de guerre aux Français, ses termes de navigation aux Hollandais, et ses termes de musique aux Italiens. Charles Duret écrivait en 1613, à propos de la langue anglaise : « Peu d’étrangers veulent se peiner de l’apprendre. » A l’heure qu’il est, elle est encore saxonne à ce point que l’usage n’a frappé de désuétude qu’à peine un septième des mots de l’Orosius du roi Alfred. De là une perpétuelle lutte sourde entre l’anglais et le français quand on les met en contact. Rien n’est plus laborieux que de faire coïncider ces deux idiomes. Ils semblent destinés à exprimer des choses opposées. L’un est septentrional, l’autre est méridional. L’un confine aux lieux cimmériens, aux bruyères, aux steppes, aux neiges, aux solitudes froides, aux espaces nocturnes, pleins de silhouettes indéterminées, aux régions blêmes ; l’autre confine aux régions claires. Il y a plus de lune dans celui-ci, et plus de soleil dans celui-là. Sud contre Nord, jour contre nuit, rayon contre spleen. Un nuage flotte toujours dans la phrase anglaise. Ce nuage est une beauté. Il est partout dans Shakespeare. Il faut que la clarté française pénètre ce nuage sans le dissoudre. Quelquefois la traduction doit se dilater. Un certain vague ajoute du trouble à la mélancolie et caractérise le Nord. Hamlet, en particulier, a pour air respirable ce vague. Le lui ôter, le tuerait. Une profonde brume diffuse l’enveloppe. Fixer Hamlet, c’est le supprimer. Il importe que la traduction n’ait pas plus de densité que l’original. Shakespeare ne veut pas être traduit comme Tacite.
Shakespeare résiste par le style ; Shakespeare résiste par la langue. Est-ce là tout ? non. Il résiste par le sens métaphysique ; il résiste par le sens historique ; il résiste par le sens légendaire. Il a beaucoup d’ignorance, ceci est convenu ; mais, ce qui est moins connu, il a beaucoup de science. Parfois tel détail qui surprend, où l’on croit voir sa grossièreté, atteste précisément sa particularité et sa finesse ; très-souvent ce que les critiques négateurs dénoncent dans Shakespeare comme l’invention ridicule d’un esprit sans culture et sans lettres, prouve, tout au contraire, sa bonne information. Il est sagace et singulier dans l’histoire. Il est on ne peut mieux renseigné dans la tradition et dans le conte. Quant à sa philosophie, elle est étrange ; elle tient de Montaigne par le doute, et d’Ézéchiel par la vision.

VI

     Il y a des problèmes dans la Bible ; il y en a dans Homère ; on connaît ceux de Dante ; il existe en Italie des chaires publiques d’interprétation de la Divine Comédie. Les obscurités propres à Shakespeare, aux divers points de vue que nous venons d’indiquer, ne sont pas moins abstruses. Comme la question biblique, comme la question homérique, comme la question dantesque, la question shakespearienne existe.
L’étude de cette question est préalable à la traduction. Il faut d’abord se mettre au fait de Shakespeare.
    Pour pénétrer la question shakespearienne et, dans la mesure du possible, la résoudre, toute une bibliothèque est nécessaire. Historiens à consulter, depuis Hérodote jusqu’à Hume, poètes, depuis Chaucer jusqu’à Coleridge, critiques, éditeurs, commentateurs, nouvelles, romans, chroniques, drames, comédies, ouvrages en toutes langues, documents de toutes sortes, pièces justificatives de ce génie. On l’a fort accusé ; il importe d’examiner son dossier. Au British Museum, un compartiment est exclusivement réservé aux ouvrages qui ont un rapport quelconque avec Shakespeare. Ces ouvrages veulent être les uns vérifiés, les autres approfondis. Labeur âpre et sérieux, et plein de complications. Sans compter les registres du Stationers’ Hall, sans compter les registres du chef de troupe Henslowe, sans compter les registres de Stratford, sans compter les archives de Bridgewater House, sans compter le journal de Symon Forman. Il n’est pas inutile de confronter les dires de tous ceux qui ont essayé d’analyser Shakespeare, à commencer par Addison dans le Spectateur, et à finir par Jaucourt dans l’Encyclopédie. Shakespeare a été, en France, en Allemagne, en Angleterre, très-souvent jugé, très-souvent condamné, très-souvent exécuté ; il faut savoir par qui et comment. Où il s’inspire, ne le cherchez pas, c’est en lui-même ; mais où il puise, tâchez de le découvrir. Le vrai traducteur doit faire effort pour lire tout ce que Shakespeare a lu. Il y a là pour le songeur des sources, et pour le piocheur des trouvailles. Les lectures de Shakespeare étaient variées et profondes. Cet inspiré était un étudiant. Faites donc ses études si vous voulez le connaître. Avoir lu Belleforest ne suffit pas, il faut lire Plutarque ; avoir lu Montaigne ne suffit pas, il faut lire Saxo Grammaticus ; avoir lu Érasme ne suffit pas, il faut lire Agrippa ; avoir lu Froissard ne suffit pas, il faut lire Plaute ; avoir lu Boccace ne suffit pas, il faut lire saint Augustin. Il faut lire tous les cancioneros et tous les fabliaux, Huon de Bordeaux, la belle Jehanne, le comte de Poitiers, le miracle de Notre-Dame, la légende du Renard, le roman de la Violette, la romance du Vieux-Manteau. Il faut lire Robert Wace, il faut lire Thomas le Rimeur. Il faut lire Boèce, Laneham, Spenser, Marlowe, Geoffroy de Monmouth, Gilbert de Montreuil, Holinshed, Amyot, Giraldi Cinthio, Pierre Boisteau, Arthur Brooke, Bandello, Luigi da Porto. Il faut lire Benoist de Saint-Maur, sir Nicholas Lestrange, Paynter, Comines, Monstrelet, Grove, Stubbes, Strype, Thomas Morus et Ovide. Il faut lire Graham d’Aberfoyle et Straparole. J’en passe. On aurait tort de laisser de côté Webster, Cavendish, Gower, Tarleton, Georges Whetstone, Reginald Scot, Nichols et sir Thomas North. Alexandre Silvayn veut être feuilleté. Les Papiers de Sidney sont utiles, Un livre contrôle l’autre. Les textes s’entr’éclairent. Rien à négliger dans ce travail. Figurez-vous une lecture dont le diamètre va du Gesta romanorum à la Démonologie de Jacques VI.
Arriver à comprendre Shakespeare, telle est la tâche. Toute cette érudition a ce but : parvenir à un poëte. C’est le chemin de pierres de ce paradis.
Forgez-vous une clef de science pour ouvrir cette poésie.

VII

    Et de la sorte, vous saurez de qui est contemporain le Thésée du Songe d’une nuit d’été ; vous saurez comment les prodiges de la mort de César se répercutent dans Macbeth ; vous saurez quelle quantité d’Oreste il y a dans Hamlet. Vous connaîtrez le vrai Timon d’Athènes, le vrai Shylock, le vrai Falstaff.
Shakespeare était un puissant assimilateur. Il s’amalgamait le passé. Il cherchait, puis trouvait ; il trouvait, puis inventait ; il inventait, puis créait. Une insufflation sortait pour lui du lourd tas des chroniques. De ces in-folios il dégageait des fantômes.
Fantômes éternels. Les uns terribles, les autres adorables. Richard III, Glocester, Jean sans Terre, Marguerite, lady Macbeth, Regane et Goneril, Claudius, Lear, Roméo et Juliette, Jessica, Perdita, Miranda, Pauline, Constance, Ophélia, Cordélia, tous ces monstres, toutes ces fées. Les deux pôles du cœur humain et les deux extrémités de l’art représentés par des figures à jamais vivantes d’une vie mystérieuse, impalpables comme le nuage, immortelles comme le souffle. La difformité intérieure, Iago ; la difformité extérieure, Caliban ; et près d’Iago le charme, Desdemona, et en regard de Caliban la grâce, Titania.
   Quand on a lu les innombrables livres lus par Shakespeare, quand on a bu aux mêmes sources, quand on s’est imprégné de tout ce dont il était pénétré, quand on s’est fait en soi un fac-similé du passé tel qu’il le voyait, quand on a appris tout ce qu’il savait, moyen d’en venir à rêver tout ce qu’il rêvait, quand on a digéré tous ces faits, toute cette histoire, toutes ces fables, toute cette philosophie, quand on a gravi cet escalier de volumes, on a pour récompense cette nuée d’ombres divines au-dessus de sa tête.

VIII

   Un jeune homme s’est dévoué à ce vaste travail. A côté de cette première tâche, reproduire Shakespeare, il y en avait une deuxième, le commenter. L’une, on vient de le voir, exige un poëte, l’autre un bénédictin. Ce traducteur a accepté l’une et l’autre. Parallèlement à la traduction de chaque drame, il a placé, sous le titre d’introduction, une étude spéciale, où toutes les questions relatives au drame traduit sont discutées et débattues, et où, pièces en mains, le pour et contre est plaidé. Ces trente-six introductions aux trente-six drames de Shakespeare, divisés en quinze livres portant chacun un titre spécial, sont dans leur ensemble une œuvre considérable. Œuvre de critique, œuvre de philologie, œuvre de philosophie, œuvre d’histoire, qui côtoie et corrobore la traduction ; quant à la traduction en elle-même, elle est fidèle, sincère, opiniâtre dans la résolution d’obéir au texte ; elle est modeste et fière ; elle ne tâche pas d’être supérieure à Shakespeare.
  Le commentaire couche Shakespeare sur la table d’autopsie, la traduction le remet debout ; et après l’avoir vu disséqué, nous le retrouvons en vie.
Pour ceux qui, dans Shakespeare, veulent tout Shakespeare, cette traduction manquait. On l’a maintenant. Désormais il n’y a plus de bibliothèque bien faite sans Shakespeare. Une bibliothèque est aussi incomplète sans Shakespeare que sans Molière.
   L’ouvrage a paru volume par volume et a eu d’un bout à l’autre ce grand collaborateur, le succès.
   Le peu que vaut notre approbation, nous le donnons sans réserve à cet ouvrage, traduction au point de vue philologique, création au point de vue critique et historique. C’est une œuvre de solitude. Ces œuvres-là sont consciencieuses et saines. La vie sévère conseille le travail austère. Le traducteur actuel sera, nous le croyons et toute la haute critique de France, d’Angleterre et d’Allemagne l’a proclamé déjà, le traducteur définitif. Première raison, il est exact ; deuxième raison, il est complet. Les difficultés que nous venons d’indiquer, et une foule d’autres, il les a franchement abordées, et, selon nous, résolues. Faisant cette tentative, il s’y est dépensé tout entier. Il a senti, en accomplissant cette tâche, la religion de construire un monument. Il y a consacré douze des plus belles années de la vie. Nous trouvons bon qu’un jeune homme ait eu cette gravité. La besogne était malaisée, presque effrayante ; recherches, confrontations de textes, peines, labeurs sans relâche. Il a eu pendant douze années la fièvre de cette grande audace et de cette grande responsabilité. Cela est bien à lui d’avoir voulu cette œuvre et de l’avoir terminée. Il a de cette façon marqué sa reconnaissance envers deux nations, envers celle dont il est l’hôte et envers celle dont il est le fils. Cette traduction de Shakespeare, c’est, en quelque sorte, le portrait de l’Angleterre envoyé à la France. A une époque où l’on sent approcher l’heure auguste de l’embrassement des peuples, c’est presque un acte, et c’est plus qu’un fait littéraire. Il y a quelque chose de pieux et de touchant dans ce don qu’un Français offre à la patrie, d’où nous sommes absents, lui et moi, par notre volonté et avec douleur.

VICTOR HUGO.
Hauteville-House. Avril 1865.