Théorie sur la traduction No.2!
Cette théorie, comme celle de Marianne Lederer, est trés intéressante et utile! Bonne lecture!
La Théorie Du Skopos!
La théorie du skopos fait partie de la
théorie sur l’action traductionnelle ( translatorisches
Handeln ) proposée par Holz-Mänttärri qui perçoit la traduction
comme une sorte particulière d’action traductionnelle basée sur un texte de
départ.
Le terme skopos , d’origine grecque,
signifie but ou objectif et a été introduit pendant les années 1970 par le
théoricien allemand Hans J. Vermeer comme un terme technique désignant le but du
texte d’arrivée et de l’action traduisante. S’appuyant sur le principe selon
lequel tout type d’action traductionnelle, et par conséquent la traduction
elle-même, peut être considéré comme une action, Vermeer postule que toute
action a un but ou une fonction et que, par conséquent, la traduction peut elle
aussi avoir un but particulier. Toute action amène un résultat, une situation
nouvelle ou un événement et, vraisemblablement, un nouvel objet. L’action
traductionnelle génère pour sa part un texte d’arrivée, que Vermeer appelle
translatum .
Il est à remarquer que dans cette théorie, le but ou skopos du translatum peut être différent de celui du texte
de départ. Vermeer précise que « le texte de départ et le texte d’arrivée
peuvent différer considérablement l’un de l’autre, non seulement dans la
formulation et la distribution du contenu, mais aussi dans leur buts respectifs,
lesquels déterminent la façon dont le contenu est arrangé ».
La théorie du skopos se concentre
surtout sur le but de la traduction, lequel détermine les méthodes de traduction
et les stratégies devant être employées pour arriver à un résultat
fonctionnellement adéquat. Vermeer précise que le processus qui mène au translatum doit être précédé d’un processus de
négociation selon lequel celui qui commande la traduction explique au traducteur
le but de la traduction et les conditions dans lesquelles la traduction doit
être réalisée, y compris l’échéance et les honoraires. Le traducteur est
l’expert en action traductionnelle; il est le seul responsable de la réalisation
de la tâche qui lui a été confiée et du résultat escompté. Ainsi, une fois que
le traducteur connaît bien la fonction du texte d’arrivée, le texte de départ
devient une partie de sa tâche et devient le point de repère à partir duquel il
établira la hiérarchie des éléments qui façonneront le texte d’arrivée.
Remarquons ici le nouveau statut donné au texte de départ. Il est certes le
point de départ dans la production du translatum
, mais son obtention dépend foncièrement de la fonction ou du skopos qu’il aura dans la culture réceptrice.
Remarquons également que le principe de la théorie du skopos peut être appliqué de trois façons et peut
donc avoir trois dimensions. Il peut s’appliquer : a) au processus de
traduction, et par conséquent au but de ce processus; b) au résultat de la
traduction et, par conséquent, à la fonction du translatum ; et c) au mode de traduction, et par
conséquent à l’intention de ce mode.
Pour comprendre le dernier point du paragraphe précédent, rappelons que la
théorie du skopos combine des éléments de
la théorie sur les types de textes de Reiss. Cette théorie, comme il a été
exposé dans les paragraphes précédents, associe un mode ou procédé de traduction
au type de texte à traduire.
Vermeer précise que le skopos ne
s’applique pas seulement à une action complète - au texte entier - mais aussi,
dans la mesure du possible, à des portions d’actions, c’est-à-dire à des parties
du translatum que Vermeer appelle sub-skopoi , si cela s’avère nécessaire ou
souhaitable.
Cette théorie, qui situe la traduction dans le contexte de la
sociolinguistique pragmatique, a été critiquée par ceux qui postulent que toutes
les actions n’ont pas un objectif. Vermeer précise qu’une action n’ayant pas de
but ne peut être considérée comme une action. La littérature est souvent prise
comme un exemple de texte n’ayant pas de but précis. Vermeer précise qu’un poème
peut être le résultat d’un moment d’inspiration, et n’a donc pas à proprement
parler de fonction. Toutefois, il précise que le simple fait d’écrire ce poème
devient une action, car la personne aurait pu décider de ne pas l’écrire. Ne
serait-il pas juste d’invoquer ici la fonction esthétique? Si à cela l’on ajoute
la publication d’un tel poème, il va sans dire qu’il y a là un but, quel qu’il
soit. Comme le signale Louis Jolicoeur, la publication d’un ouvrage a comme but
de donner au lecteur la possession du texte en question.
Vermeer attribue un but ou une intention même au mouvement l’art pour l’art ; soit l’art créé pour l’amour
de l’art. Vermeer rappelle que ce mouvement se voulait une réaction contre
l’idéalisme, ce qui lui confère un but précis.
Le deuxième type de critique de la théorie du skopos est quelque peu similaire au premier.
Certains prétendent que ce ne sont pas toutes les traductions qui ont un but. À
cela, Vermeer répond en utilisant la même logique : une traduction n’ayant pas
de but ou de fonction ne saurait être une traduction dans le cadre de la théorie
du skopos . Quelqu’un qui entreprend une
traduction le fait soit de sa propre initiative, soit parce que quelqu’un le lui
demande. Dans les deux cas, il s’agit bien d’une action. D’autres critiques de
cette théorie portent sur le fait que la théorie de Reiss et celle de Vermeer
traitent de phénomènes différents et ne devraient pas être reliées à une même
théorie. Par ailleurs, le terme translatum
est considéré comme un terme qui ne contribue en rien au développement de
la traductologie et pourrait être substitué par des termes existants, tels que
texte d’arrivée ou traduction.
L’approche fonctionnaliste, et notamment la théorie du skopos , a permis à la traductologie de prendre
une nouvelle dimension. On est bien loin aujourd’hui des anciennes prescriptions
qui voyaient le texte de départ comme la norme qui détermine la fonction du
texte d’arrivée. Cette théorie reconnaît au texte traduit sa propre identité et
ses propres circonstances. Comme le signale si bien Munday, elle reconnaît la
possibilité d’obtenir des traductions différentes d’un même texte selon la
fonction du texte d’arrivée. Dans la pratique, il arrive souvent que des textes
soient traduits à des fins différentes de celles qui ont motivé la création du
texte de départ. Cela est vrai surtout dans le monde des affaires ainsi que dans
le domaine juridique.
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