Tuesday, January 31, 2012

Interesting!

You love shakespear, but it's just so hard sometimes to understand some of the lines of his plays because of their difficult english???
Well, it's your lucky day. here's a website that it will be just "THE THING" for you!
It's: http://nfs.sparknotes.com/ ..


 

Original Text                     

Enter BARNARDO and FRANCISCO, two sentinels
BARNARDO and FRANCISCO, two watchmen, enter.

BARNARDO
Who’s there?
BARNARDO
Who’s there?

FRANCISCO
Nay, answer me. Stand and unfold yourself.
FRANCISCO
No, who are you? Stop and identify yourself.

BARNARDO
Long live the king!
BARNARDO
Long live the king!

FRANCISCO
Barnardo?
FRANCISCO
Is that Barnardo?

BARNARDO
He.
BARNARDO
Yes, it’s me.

FRANCISCO
You come most carefully upon your hour.
FRANCISCO
You’ve come right on time.

5
BARNARDO
'Tis now struck twelve. Get thee to bed, Francisco.
BARNARDO
The clock’s just striking twelve. Go home to bed, Francisco.

FRANCISCO
For this relief much thanks. 'Tis bitter cold,
And I am sick at heart.
FRANCISCO
Thanks for letting me go. It’s bitterly cold out, and I’m depressed.

BARNARDO
Have you had quiet guard?
BARNARDO
Has it been a quiet night?

FRANCISCO
Not a mouse stirring.
FRANCISCO
I haven’t even heard a mouse squeak.



10
BARNARDO
Well, good night.
If you do meet Horatio and Marcellus,
The rivals of my watch, bid them make haste.
BARNARDO
Well, good night. If you happen to see Horatio and Marcellus, who are supposed to stand guard with me tonight,
tell them to hurry.

FRANCISCO
I think I hear them.—Stand, ho! Who’s there?
FRANCISCO
I think I hear them. —Stop! Who’s there?
Enter HORATIO and MARCELLUS
MARCELLUS and HORATIO enter.





No Fear Free Online
No Fear Shakespeare puts Shakespeare's language side-by-side with a facing-page translation into modern English—the kind of English people actually speak today.

All No Fear Shakespeare Titles

Antony and Cleopatra
As You Like It
The Comedy of Errors
Hamlet
Henry IV, Part I
Henry IV, Part II
Henry V
Julius Caesar
King Lear
Macbeth
The Merchant of Venice
A Midsummer Night’s Dream
Much Ado About Nothing
Othello
Richard III
Romeo and Juliet
Sonnets
The Taming of the Shrew
The Tempest
Twelfth Night

Monday, January 30, 2012

William Shakespeare : Préface par Victor Hugo

   Voila la préface que victor hugo a écrit à propos de la traduction du Shakespeare!!! Enjoy!
Préface de la nouvelle traduction des œuvres de Shakespeare

I


Une traduction est presque toujours regardée tout d’abord par le peuple à qui on la donne comme une violence qu’on lui fait. Le goût bourgeois résiste à l’esprit universel.
Traduire un poëte étranger, c’est accroître la poésie nationale ; cet accroissement déplaît à ceux auxquels il profite. C’est du moins le commencement ; le premier mouvement est la révolte. Une langue dans laquelle on transvase de la sorte un autre idiome fait ce qu’elle peut pour refuser. Elle en sera fortifiée plus tard, en attendant elle s’indigne. Cette saveur nouvelle lui répugne. Ces locutions insolites, ces tours inattendus, cette irruption sauvage de figures inconnues, tout cela, c’est de l’invasion. Que va devenir sa littérature à elle ? Quelle idée a-t-on de venir lui mêler dans le sang cette substance des autres peuples ? C’est de la poésie en excès. Il y a là abus d’images, profusion de métaphores, violation des frontières, introduction forcée du goût cosmopolite dans le goût local. Est-ce grec ? c’est grossier. Est-ce anglais ? c’est barbare. Apreté ici, âcreté là. Et, si intelligente que soit la nation qu’on veut enrichir, elle s’indigne. Elle hait cette nourriture. Elle boit de force, avec colère, Jupiter enfant recrachait le lait de la chèvre divine.
Ceci a été vrai en France pour Homère, et encore plus vrai pour Shakespeare.
Au dix-septième siècle, à propos de madame Dacier, on posa la question : Faut-il traduire Homère ? L’abbé Terrasson, tout net, répondit non. La Mothe fit mieux ; il refit l’Iliade. Ce La Mothe était un homme d’esp rit qui était idiot. De nos jours, nous avons eu en ce genre M. Beyle, dit Stendhal, qui écrivait : Je préfère à Homère les mémoires du maréchal Gouvion Saint-Cyr.
— Faut-il traduire Homère ? — fut la question littéraire du dix- septième siècle. La question littéraire du dix-huitième fut celle-ci : — Faut-il traduire Shakespeare ?

II

         « Il faut que je vous dise combien je suis fâché contre un nommé Letourneur, qu’on dit secrétaire de la librairie, et qui ne me paraît pas le secrétaire du bon goût. Auriez-vous lu les deux volumes de ce misérable ? il sacrifie tous les Français sans exception à son idole (Shakespeare), comme on sacrifiait autrefois des cochons à Cérès ; il ne daigne pas même nommer Corneille et Racine. Ces deux grands hommes sont seulement enveloppés dans la proscription générale, sans que leurs noms soient prononcés. Il y a déjà deux tomes imprimés de ce Shakespear, qu’on prendrait pour des pièces de la foire, faites il y a deux cents ans. Il y aura encore cinq volumes. Avez-vous une haine assez vigoureuse contre cet impudent imbécile ? Souffrirez-vous l’affront qu’il fait à la France ? Il n’y a point en France assez de camouflets, assez de bonnets d’âne, assez de piloris pour un pareil faquin. Le sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui. Ce qu’il y a d’affreux, c’est que le monstre a un parti en France, et pour comble de calamité et d’horreur, c’est moi qui autrefois parlai le premier de ce Shakespear ; c’est moi qui le premier montrai aux Français quelques perles que j’avais trouvées dans son énorme fumier. Je ne m’attendais pas que je servirais un jour à fouler aux pieds les couronnes de Racine et de Corneille pour en orner le front d’un histrion barbare. »
     A qui est adressée cette lettre ? à La Harpe. Par qui ? par Voltaire. On le voit, il faut de la bravoure pour être Letourneur.
     Ah ! vous traduisez Shakespeare ? Eh bien, vous êtes un faquin ; mieux que cela, vous êtes un impudent imbécile ; mieux encore, vous êtes un misérable. Vous faites un affront à la France. Vous méritez toutes les formes de l’opprobre public, depuis le bonnet d’âne, comme les cancres, jusqu’au pilori, comme les voleurs. Vous êtes peut-être un « monstre.  Je dis peut-être, car dans la lettre de Voltaire monstre est amphibologique ; la syntaxe l’adjuge à Letourneur, mais la haine le donne à Shakespeare.
Ce digne Letourneur, couronné à Montauban et à Besançon, lauréat académique de province, uniquement occupé d’émousser Shakespeare, de lui ôter les reliefs et les angles et de le faire passer, c’est-à-dire de le rendre passable, ce bonhomme, travailleur consciencieux, ayant pour tout horizon les quatre murs de son cabinet, doux comme une fille, incapable de fiel et de représailles, poli, timide, honnête, parlant bas, vécut toute sa vie sous cette épithete, misérable, que lui avait jetée l’éclatante voix de Voltaire, et mourut à cinquante-deux ans, étonné.

III

       Letourneur, chose curieuse à dire, n’était pas moins bafoué par les Anglais que par les Français. Nous ne savons plus quel lord, faisant autorité, disait de Letourneur : pour traduire un fou, il faut être un sot. Dans le livre intitulé William Shakespeare, publié récemment, on peut lire, réunis et groupés, tous ces étranges textes anglais qui ont insulté Shakespeare pendant deux siècles. Au verdict des gens de lettres, ajoutez le verdict des princes. Georges Ier, sous le règne duquel, vers 1726, Shakespeare parut poindre un peu, n’en voulut jamais écouter un vers. Ce Georges était « un homme grave et sage » (Millot), qui aima une jolie femme jusqu’à la faire grand-écuyer. Georges II pensa comme Georges Ier. Il s’écriait : — Je ne pourrais pas lire Shakespeare. Et il ajoutait, c’est Hume qui le raconte : — C’est un garçon si ampoulé ! — (He was such a bombast fellow ! ) L’abbé Millot, historien qui prêchait l’Avent à Versailles et le Carême à Lunéville, et que Querlon préfère à Hénault, raconte l’influence de Pope sur Georges II au sujet de Shakespeare. Pope s’indignait de l’orgueil de Shakespeare, et comparait Shakespeare à un mulet qui ne porte rien et qui écoute le bruit de ses grelots. Le dédain littéraire justifiait le dédain royal. Georges III continua la tradition. Georges III, qui commença de bonne heure, à ce qu’il paraît, l’état d’esprit, par lequel il devait finir, jugeait Shakespeare et disait à miss Burney :
— Quoi ! n’est-ce pas là un triste galimatias ? quoi ! quoi ! — (What ! is there not sad stuff ? what ! what ! )
On dira : ce ne sont là que des opinions de roi. Qu’on ne s’y trompe point, la mode en Angleterre suit le roi. L’opinion de la majesté royale en matière de goût est grave de l’autre côté du détroit. Le roi d’Angleterre est le leader suprême des salons de Londres. Témoin le poëte lauréat, presque toujours accepté par le public. Le roi ne gouverne pas, mais il règne. Le livre qu’il lit et la cravate qu’il met, font loi. Il plaît à un roi de rejeter le génie, l’Angleterre méconnaît Shakespeare ; il plaît à un roi d’admirer la niaiserie, l’Angleterre adore Brummel.
   Disons-le, la France de 1814 tombait plus bas encore quand elle permettait aux Bourbons de jeter Voltaire à la voirie.

IV      Le danger de traduire Shakespeare a disparu aujourd’hui.

     On n’est plus un ennemi public pour cela.
     Mais si le danger n’existe plus, la difficulté reste.
     Letourneur n’a pas traduit Shakespeare ; il l’a, candidement, sans le vouloir, obéissant à son insu au goût hostile de son époque, parodié.
Traduire Shakespeare, le traduire réellement, le traduire avec confiance, le traduire en s’abandonnant à lui, le traduire avec la simplicité honnête et fière de l’enthousiasme, ne rien éluder, ne rien omettre, ne rien amortir, ne rien cacher, ne pas lui mettre de voile là où il est nu, ne pas lui mettre de masque là où il est sincère, ne pas lui prendre sa peau pour mentir dessous, le traduire sans recourir à la périphrase, cette restriction mentale, le traduire sans complaisance puriste pour la France ou puritaine pour l’Angleterre, dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le traduire comme on témoigne, ne point le trahir, l’introduire à Paris de plain-pied, ne pas prendre de précautions insolentes pour ce génie, proposer à la moyenne des intelligences, qui a la prétention de s’appeler le goût, l’acceptation de ce géant, le voilà ! en voulez-vous ? ne pas crier gare, ne pas être honteux du grand homme, l’avouer, l’afficher, le proclamer, le promulguer, être sa chair et ses os, prendre son empreinte, mouler sa forme, penser sa pensée, parler sa parole, répercuter Shakespeare de l’anglais en français, quelle entreprise !

V

      Shakespeare est un des poètes qui se défendent le plus contre le traducteur.
La vieille violence faite à Protée symbolise l’effort des traducteurs. Saisir le génie, rude besogne. Shakespeare résiste, il faut l’étreindre ; Shakespeare échappe, il faut le poursuivre.
Il échappe par l’idée, il échappe par l’expression.
     Rappelez-vous le unsex, cette lugubre déclaration de neutralité d’un monstre entre le bien et le mal, cet écriteau posé sur une conscience eunuque. Quelle intrépidité il faut pour reproduire nettement en français certaines beautés insolentes de ce poëte, par exemple le buttock of the night, où l’on entrevoit les parties honteuses de l’omb re. D’autres expressions semblent sans équivalents possibles ; ainsi green girl, fille verte, n’a aucun sens en français.   
     On pourrait dire de certains mots qu’ils sont imprenables. Shakespeare a un sunt lacrymœ rerum. Dans le we have kissed away kingdoms and provinces, aussi bien que dans le profond soupir de Virgile, l’indicible est dit. Cette gigantesque dépense d’avenir faite dans un lit, ces provinces s’en allant en baisers, ces royaumes possibles s’évanouissant sur les bouches jointes d’Antoine et de Cléopâtre, ces empires dissous en caresses et ajoutant inexprimablement leur grandeur à la volupté, néant comme eux, toutes ces sublimités sont dans ce mot kissed away kingdoms.
Shakespeare échappe au traducteur par le style, il échappe aussi par la langue. L’anglais se dérobe le plus qu’il peut au français. Les deux idiomes sont composés en sens inverse. Leur pôle n’est pas le même ; l’anglais est saxon, le français est latin. L’anglais actuel est presque de l’allemand du quinzième siècle à l’orthographe près. L’antipathie immémoriale des deux idiomes a été telle, qu’en 1095 les normands déposèrent Wolstan, évêque de Worcester, pour le seul crime d’être une vieille brute d’anglais ne sachant pas parler français. En revanche on a parlé danois à Bayeux. Duponceau estime qu’il y a dans l’anglais trois racines saxonnes sur quatre. Presque tous les verbes, toutes les particules, les mots qui font la charpente de la langue, sont du Nord. La langue anglaise a en elle une si dangereuse force isolante que l’Angleterre, instinctivement, et pour faciliter ses communications avec l’Europe, a pris ses termes de guerre aux Français, ses termes de navigation aux Hollandais, et ses termes de musique aux Italiens. Charles Duret écrivait en 1613, à propos de la langue anglaise : « Peu d’étrangers veulent se peiner de l’apprendre. » A l’heure qu’il est, elle est encore saxonne à ce point que l’usage n’a frappé de désuétude qu’à peine un septième des mots de l’Orosius du roi Alfred. De là une perpétuelle lutte sourde entre l’anglais et le français quand on les met en contact. Rien n’est plus laborieux que de faire coïncider ces deux idiomes. Ils semblent destinés à exprimer des choses opposées. L’un est septentrional, l’autre est méridional. L’un confine aux lieux cimmériens, aux bruyères, aux steppes, aux neiges, aux solitudes froides, aux espaces nocturnes, pleins de silhouettes indéterminées, aux régions blêmes ; l’autre confine aux régions claires. Il y a plus de lune dans celui-ci, et plus de soleil dans celui-là. Sud contre Nord, jour contre nuit, rayon contre spleen. Un nuage flotte toujours dans la phrase anglaise. Ce nuage est une beauté. Il est partout dans Shakespeare. Il faut que la clarté française pénètre ce nuage sans le dissoudre. Quelquefois la traduction doit se dilater. Un certain vague ajoute du trouble à la mélancolie et caractérise le Nord. Hamlet, en particulier, a pour air respirable ce vague. Le lui ôter, le tuerait. Une profonde brume diffuse l’enveloppe. Fixer Hamlet, c’est le supprimer. Il importe que la traduction n’ait pas plus de densité que l’original. Shakespeare ne veut pas être traduit comme Tacite.
Shakespeare résiste par le style ; Shakespeare résiste par la langue. Est-ce là tout ? non. Il résiste par le sens métaphysique ; il résiste par le sens historique ; il résiste par le sens légendaire. Il a beaucoup d’ignorance, ceci est convenu ; mais, ce qui est moins connu, il a beaucoup de science. Parfois tel détail qui surprend, où l’on croit voir sa grossièreté, atteste précisément sa particularité et sa finesse ; très-souvent ce que les critiques négateurs dénoncent dans Shakespeare comme l’invention ridicule d’un esprit sans culture et sans lettres, prouve, tout au contraire, sa bonne information. Il est sagace et singulier dans l’histoire. Il est on ne peut mieux renseigné dans la tradition et dans le conte. Quant à sa philosophie, elle est étrange ; elle tient de Montaigne par le doute, et d’Ézéchiel par la vision.

VI

     Il y a des problèmes dans la Bible ; il y en a dans Homère ; on connaît ceux de Dante ; il existe en Italie des chaires publiques d’interprétation de la Divine Comédie. Les obscurités propres à Shakespeare, aux divers points de vue que nous venons d’indiquer, ne sont pas moins abstruses. Comme la question biblique, comme la question homérique, comme la question dantesque, la question shakespearienne existe.
L’étude de cette question est préalable à la traduction. Il faut d’abord se mettre au fait de Shakespeare.
    Pour pénétrer la question shakespearienne et, dans la mesure du possible, la résoudre, toute une bibliothèque est nécessaire. Historiens à consulter, depuis Hérodote jusqu’à Hume, poètes, depuis Chaucer jusqu’à Coleridge, critiques, éditeurs, commentateurs, nouvelles, romans, chroniques, drames, comédies, ouvrages en toutes langues, documents de toutes sortes, pièces justificatives de ce génie. On l’a fort accusé ; il importe d’examiner son dossier. Au British Museum, un compartiment est exclusivement réservé aux ouvrages qui ont un rapport quelconque avec Shakespeare. Ces ouvrages veulent être les uns vérifiés, les autres approfondis. Labeur âpre et sérieux, et plein de complications. Sans compter les registres du Stationers’ Hall, sans compter les registres du chef de troupe Henslowe, sans compter les registres de Stratford, sans compter les archives de Bridgewater House, sans compter le journal de Symon Forman. Il n’est pas inutile de confronter les dires de tous ceux qui ont essayé d’analyser Shakespeare, à commencer par Addison dans le Spectateur, et à finir par Jaucourt dans l’Encyclopédie. Shakespeare a été, en France, en Allemagne, en Angleterre, très-souvent jugé, très-souvent condamné, très-souvent exécuté ; il faut savoir par qui et comment. Où il s’inspire, ne le cherchez pas, c’est en lui-même ; mais où il puise, tâchez de le découvrir. Le vrai traducteur doit faire effort pour lire tout ce que Shakespeare a lu. Il y a là pour le songeur des sources, et pour le piocheur des trouvailles. Les lectures de Shakespeare étaient variées et profondes. Cet inspiré était un étudiant. Faites donc ses études si vous voulez le connaître. Avoir lu Belleforest ne suffit pas, il faut lire Plutarque ; avoir lu Montaigne ne suffit pas, il faut lire Saxo Grammaticus ; avoir lu Érasme ne suffit pas, il faut lire Agrippa ; avoir lu Froissard ne suffit pas, il faut lire Plaute ; avoir lu Boccace ne suffit pas, il faut lire saint Augustin. Il faut lire tous les cancioneros et tous les fabliaux, Huon de Bordeaux, la belle Jehanne, le comte de Poitiers, le miracle de Notre-Dame, la légende du Renard, le roman de la Violette, la romance du Vieux-Manteau. Il faut lire Robert Wace, il faut lire Thomas le Rimeur. Il faut lire Boèce, Laneham, Spenser, Marlowe, Geoffroy de Monmouth, Gilbert de Montreuil, Holinshed, Amyot, Giraldi Cinthio, Pierre Boisteau, Arthur Brooke, Bandello, Luigi da Porto. Il faut lire Benoist de Saint-Maur, sir Nicholas Lestrange, Paynter, Comines, Monstrelet, Grove, Stubbes, Strype, Thomas Morus et Ovide. Il faut lire Graham d’Aberfoyle et Straparole. J’en passe. On aurait tort de laisser de côté Webster, Cavendish, Gower, Tarleton, Georges Whetstone, Reginald Scot, Nichols et sir Thomas North. Alexandre Silvayn veut être feuilleté. Les Papiers de Sidney sont utiles, Un livre contrôle l’autre. Les textes s’entr’éclairent. Rien à négliger dans ce travail. Figurez-vous une lecture dont le diamètre va du Gesta romanorum à la Démonologie de Jacques VI.
Arriver à comprendre Shakespeare, telle est la tâche. Toute cette érudition a ce but : parvenir à un poëte. C’est le chemin de pierres de ce paradis.
Forgez-vous une clef de science pour ouvrir cette poésie.

VII

    Et de la sorte, vous saurez de qui est contemporain le Thésée du Songe d’une nuit d’été ; vous saurez comment les prodiges de la mort de César se répercutent dans Macbeth ; vous saurez quelle quantité d’Oreste il y a dans Hamlet. Vous connaîtrez le vrai Timon d’Athènes, le vrai Shylock, le vrai Falstaff.
Shakespeare était un puissant assimilateur. Il s’amalgamait le passé. Il cherchait, puis trouvait ; il trouvait, puis inventait ; il inventait, puis créait. Une insufflation sortait pour lui du lourd tas des chroniques. De ces in-folios il dégageait des fantômes.
Fantômes éternels. Les uns terribles, les autres adorables. Richard III, Glocester, Jean sans Terre, Marguerite, lady Macbeth, Regane et Goneril, Claudius, Lear, Roméo et Juliette, Jessica, Perdita, Miranda, Pauline, Constance, Ophélia, Cordélia, tous ces monstres, toutes ces fées. Les deux pôles du cœur humain et les deux extrémités de l’art représentés par des figures à jamais vivantes d’une vie mystérieuse, impalpables comme le nuage, immortelles comme le souffle. La difformité intérieure, Iago ; la difformité extérieure, Caliban ; et près d’Iago le charme, Desdemona, et en regard de Caliban la grâce, Titania.
   Quand on a lu les innombrables livres lus par Shakespeare, quand on a bu aux mêmes sources, quand on s’est imprégné de tout ce dont il était pénétré, quand on s’est fait en soi un fac-similé du passé tel qu’il le voyait, quand on a appris tout ce qu’il savait, moyen d’en venir à rêver tout ce qu’il rêvait, quand on a digéré tous ces faits, toute cette histoire, toutes ces fables, toute cette philosophie, quand on a gravi cet escalier de volumes, on a pour récompense cette nuée d’ombres divines au-dessus de sa tête.

VIII

   Un jeune homme s’est dévoué à ce vaste travail. A côté de cette première tâche, reproduire Shakespeare, il y en avait une deuxième, le commenter. L’une, on vient de le voir, exige un poëte, l’autre un bénédictin. Ce traducteur a accepté l’une et l’autre. Parallèlement à la traduction de chaque drame, il a placé, sous le titre d’introduction, une étude spéciale, où toutes les questions relatives au drame traduit sont discutées et débattues, et où, pièces en mains, le pour et contre est plaidé. Ces trente-six introductions aux trente-six drames de Shakespeare, divisés en quinze livres portant chacun un titre spécial, sont dans leur ensemble une œuvre considérable. Œuvre de critique, œuvre de philologie, œuvre de philosophie, œuvre d’histoire, qui côtoie et corrobore la traduction ; quant à la traduction en elle-même, elle est fidèle, sincère, opiniâtre dans la résolution d’obéir au texte ; elle est modeste et fière ; elle ne tâche pas d’être supérieure à Shakespeare.
  Le commentaire couche Shakespeare sur la table d’autopsie, la traduction le remet debout ; et après l’avoir vu disséqué, nous le retrouvons en vie.
Pour ceux qui, dans Shakespeare, veulent tout Shakespeare, cette traduction manquait. On l’a maintenant. Désormais il n’y a plus de bibliothèque bien faite sans Shakespeare. Une bibliothèque est aussi incomplète sans Shakespeare que sans Molière.
   L’ouvrage a paru volume par volume et a eu d’un bout à l’autre ce grand collaborateur, le succès.
   Le peu que vaut notre approbation, nous le donnons sans réserve à cet ouvrage, traduction au point de vue philologique, création au point de vue critique et historique. C’est une œuvre de solitude. Ces œuvres-là sont consciencieuses et saines. La vie sévère conseille le travail austère. Le traducteur actuel sera, nous le croyons et toute la haute critique de France, d’Angleterre et d’Allemagne l’a proclamé déjà, le traducteur définitif. Première raison, il est exact ; deuxième raison, il est complet. Les difficultés que nous venons d’indiquer, et une foule d’autres, il les a franchement abordées, et, selon nous, résolues. Faisant cette tentative, il s’y est dépensé tout entier. Il a senti, en accomplissant cette tâche, la religion de construire un monument. Il y a consacré douze des plus belles années de la vie. Nous trouvons bon qu’un jeune homme ait eu cette gravité. La besogne était malaisée, presque effrayante ; recherches, confrontations de textes, peines, labeurs sans relâche. Il a eu pendant douze années la fièvre de cette grande audace et de cette grande responsabilité. Cela est bien à lui d’avoir voulu cette œuvre et de l’avoir terminée. Il a de cette façon marqué sa reconnaissance envers deux nations, envers celle dont il est l’hôte et envers celle dont il est le fils. Cette traduction de Shakespeare, c’est, en quelque sorte, le portrait de l’Angleterre envoyé à la France. A une époque où l’on sent approcher l’heure auguste de l’embrassement des peuples, c’est presque un acte, et c’est plus qu’un fait littéraire. Il y a quelque chose de pieux et de touchant dans ce don qu’un Français offre à la patrie, d’où nous sommes absents, lui et moi, par notre volonté et avec douleur.

VICTOR HUGO.
Hauteville-House. Avril 1865.


Tuesday, January 24, 2012

Théorie pour la traduction.2!

Théorie sur la traduction No.2!


Cette théorie, comme celle de Marianne Lederer, est trés intéressante et utile! Bonne lecture!



La Théorie Du Skopos!


La théorie du skopos fait partie de la théorie sur l’action traductionnelle ( translatorisches Handeln ) proposée par Holz-Mänttärri qui perçoit la traduction comme une sorte particulière d’action traductionnelle basée sur un texte de départ.


Le terme skopos , d’origine grecque, signifie but ou objectif et a été introduit pendant les années 1970 par le théoricien allemand Hans J. Vermeer comme un terme technique désignant le but du texte d’arrivée et de l’action traduisante. S’appuyant sur le principe selon lequel tout type d’action traductionnelle, et par conséquent la traduction elle-même, peut être considéré comme une action, Vermeer postule que toute action a un but ou une fonction et que, par conséquent, la traduction peut elle aussi avoir un but particulier. Toute action amène un résultat, une situation nouvelle ou un événement et, vraisemblablement, un nouvel objet. L’action traductionnelle génère pour sa part un texte d’arrivée, que Vermeer appelle translatum .


Il est à remarquer que dans cette théorie, le but ou skopos du translatum peut être différent de celui du texte de départ. Vermeer précise que « le texte de départ et le texte d’arrivée peuvent différer considérablement l’un de l’autre, non seulement dans la formulation et la distribution du contenu, mais aussi dans leur buts respectifs, lesquels déterminent la façon dont le contenu est arrangé ».


La théorie du skopos se concentre surtout sur le but de la traduction, lequel détermine les méthodes de traduction et les stratégies devant être employées pour arriver à un résultat fonctionnellement adéquat. Vermeer précise que le processus qui mène au translatum doit être précédé d’un processus de négociation selon lequel celui qui commande la traduction explique au traducteur le but de la traduction et les conditions dans lesquelles la traduction doit être réalisée, y compris l’échéance et les honoraires. Le traducteur est l’expert en action traductionnelle; il est le seul responsable de la réalisation de la tâche qui lui a été confiée et du résultat escompté. Ainsi, une fois que le traducteur connaît bien la fonction du texte d’arrivée, le texte de départ devient une partie de sa tâche et devient le point de repère à partir duquel il établira la hiérarchie des éléments qui façonneront le texte d’arrivée.


Remarquons ici le nouveau statut donné au texte de départ. Il est certes le point de départ dans la production du translatum , mais son obtention dépend foncièrement de la fonction ou du skopos qu’il aura dans la culture réceptrice. Remarquons également que le principe de la théorie du skopos peut être appliqué de trois façons et peut donc avoir trois dimensions. Il peut s’appliquer : a) au processus de traduction, et par conséquent au but de ce processus; b) au résultat de la traduction et, par conséquent, à la fonction du translatum ; et c) au mode de traduction, et par conséquent à l’intention de ce mode.


Pour comprendre le dernier point du paragraphe précédent, rappelons que la théorie du skopos combine des éléments de la théorie sur les types de textes de Reiss. Cette théorie, comme il a été exposé dans les paragraphes précédents, associe un mode ou procédé de traduction au type de texte à traduire.


Vermeer précise que le skopos ne s’applique pas seulement à une action complète - au texte entier - mais aussi, dans la mesure du possible, à des portions d’actions, c’est-à-dire à des parties du translatum que Vermeer appelle sub-skopoi , si cela s’avère nécessaire ou souhaitable.


Cette théorie, qui situe la traduction dans le contexte de la sociolinguistique pragmatique, a été critiquée par ceux qui postulent que toutes les actions n’ont pas un objectif. Vermeer précise qu’une action n’ayant pas de but ne peut être considérée comme une action. La littérature est souvent prise comme un exemple de texte n’ayant pas de but précis. Vermeer précise qu’un poème peut être le résultat d’un moment d’inspiration, et n’a donc pas à proprement parler de fonction. Toutefois, il précise que le simple fait d’écrire ce poème devient une action, car la personne aurait pu décider de ne pas l’écrire. Ne serait-il pas juste d’invoquer ici la fonction esthétique? Si à cela l’on ajoute la publication d’un tel poème, il va sans dire qu’il y a là un but, quel qu’il soit. Comme le signale Louis Jolicoeur, la publication d’un ouvrage a comme but de donner au lecteur la possession du texte en question.


Vermeer attribue un but ou une intention même au mouvement l’art pour l’art ; soit l’art créé pour l’amour de l’art. Vermeer rappelle que ce mouvement se voulait une réaction contre l’idéalisme, ce qui lui confère un but précis.


Le deuxième type de critique de la théorie du skopos est quelque peu similaire au premier. Certains prétendent que ce ne sont pas toutes les traductions qui ont un but. À cela, Vermeer répond en utilisant la même logique : une traduction n’ayant pas de but ou de fonction ne saurait être une traduction dans le cadre de la théorie du skopos . Quelqu’un qui entreprend une traduction le fait soit de sa propre initiative, soit parce que quelqu’un le lui demande. Dans les deux cas, il s’agit bien d’une action. D’autres critiques de cette théorie portent sur le fait que la théorie de Reiss et celle de Vermeer traitent de phénomènes différents et ne devraient pas être reliées à une même théorie. Par ailleurs, le terme translatum est considéré comme un terme qui ne contribue en rien au développement de la traductologie et pourrait être substitué par des termes existants, tels que texte d’arrivée ou traduction.


L’approche fonctionnaliste, et notamment la théorie du skopos , a permis à la traductologie de prendre une nouvelle dimension. On est bien loin aujourd’hui des anciennes prescriptions qui voyaient le texte de départ comme la norme qui détermine la fonction du texte d’arrivée. Cette théorie reconnaît au texte traduit sa propre identité et ses propres circonstances. Comme le signale si bien Munday, elle reconnaît la possibilité d’obtenir des traductions différentes d’un même texte selon la fonction du texte d’arrivée. Dans la pratique, il arrive souvent que des textes soient traduits à des fins différentes de celles qui ont motivé la création du texte de départ. Cela est vrai surtout dans le monde des affaires ainsi que dans le domaine juridique.

Friday, January 20, 2012

English Grammer Lesson No.7

Is "Impact" a Verb?     

    

Although "impact" has taken root in the business world as a verb, as in Cutting prices will impact our revenue, many people maintain that "impact" is only proper as a noun. They believe the verb "impact" only means "to hit," and any other use is just irritating jargon.

Usually, when you are tempted to use "impact" as a verb, "affect" is the better choice:

Cutting prices will affect our revenue.

Quick and Dirty Tip: If you can put an article such as "an" or "the" in front of "impact," you are using it in the most proper way—as a noun. He wondered what the impact of the changes would be.

English Grammer Lesson No.6

Ending a Sentence with an Abbreviation   

       

When you end a sentence with an abbreviation, you don't need an extra period.

  • Apple Computer, Inc. became Apple, Inc.. (wrong)
  • Apple Computer, Inc. became Apple, Inc. (right)

The period that ends the abbreviation also ends the sentence. Think of it as an environmentally friendly rule—one dot of ink serves two purposes.

Even though such sentences are correct, they can confuse readers who may not realize you've ended the sentence. It's best to write out the abbreviated word if it falls at the end of a sentence or to rewrite the sentence so the abbreviation doesn't come at the end.

The story is different when the sentence is a question or exclamation—then you need both punctuation marks:

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Sunday, January 15, 2012

Théorie pour la traduction!

Je ne suis pas vraiment "a theory person", mais cette théorie sur la traduction est vraiment utile et importante pour les traducteurs. Un texte à lire! Ne soyez pas fainéants et lisez le jusqu'au bout!

La Théorie Du Sens!



1
Le diplomate sort d’une délicate séance de négociation, quelque part dans un pays en proie à la guerre : les Balkans, peut-être.
2
Le journaliste de la radio est là, micro braqué, toutes questions dehors : « Pouvez-vous nous dire comment se sont passées, comment ont marché les négociations ? » – « Oh, quite well, in fact, despite a few bombs along the road. » (Le diplomate est anglophone, bien sûr.) Comme notre homme est tout seul, il traduit la réponse pour sa chaîne, en « voice over », comme on dit en français : « Tout s’est bien passé, malgré quelques bombes le long de la route… »
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Quelques bombes ? Quelques BOMBES ? Nous n’en croyons pas nos oreilles ; le journaliste non plus, d’ailleurs. Mais, puisque le négociateur le dit… Seulement, c’est incompréhensible : la négociation ne s’est pas déroulée sur la route, personne n’est sorti de la salle, on n’a pas entendu d’explosions, personne n’a rien annoncé de ce genre… d’où sortent ces bombes ? ? ?
4
Si ce journaliste avait été interprète ou traducteur – donc intelligent… – il ne serait pas tombé dans le panneau, parce qu’il aurait réfléchi.
5
Si le diplomate a dit « bombs », c’est probablement que la négociation a été difficile, délicate : « malgré quelques cahots, quelques à-coups, quelques problèmes » aurait fonctionné, aurait rendu compte du sens de cette phrase. Cela aurait été une parfaite équivalence.
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Mais, au fait, le diplomate a-t-il vraiment dit « bombs » ? Eh bien, non… pas tout à fait. Prononciation défectueuse. Ce n’était pas un anglophone natif. Le diplomate a dit « a few BUMPS along the road » : les voilà, nos à-coups, nos cahots, nos problèmes. La route n’a pas été facile – elle l’est bien rarement dans les négociations entre factions armées en guerre…
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Vous me direz que c’est élémentaire, que c’est de l’ambiguïté, que c’est de l’intelligence. Eh oui, bien sûr, mais c’est surtout l’essence même du travail de l’interprète : comprendre ce que l’auteur veut dire (et qui n’est pas toujours ce qu’il dit) pour pouvoir le transmettre.
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En fait, ce n’est pas un hasard si la Théorie du sens a été définie, établie par des interprètes de conférence : Danica Seleskovitch et Marianne Lederer, toutes deux professeures, mais surtout et avant tout interprètes de grande valeur au palmarès impressionnant.
9
C’est qu’elles ont pris conscience, très tôt, de la nécessité de prendre en compte un vouloir-dire, une intention, sans se laisser entraver par les accidents de terrain : difficultés d’écoute, lapsus de l’orateur, et tout ce que l’on peut ranger sous le terme d’ambiguïté.
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Elles savaient, par expérience professionnelle et parce qu’elles avaient réfléchi, que le rôle de l’interprète est d’assurer la compréhension parfaite entre les parties en présence, de traduire « toutes les nuances de leurs pensées et de leurs émotions », comme l’écrit Jean Monnet dans la préface de l’un des ouvrages de Danica Seleskovitch, Langage, langues et mémoire, Étude de la prise de notes en interprétation consécutive (Paris, Minard, 1975) : l’interprète recrée le discours qu’il vient d’écouter en prenant quelques notes, mais qu’il ne peut avoir mémorisé sur le plan des mots. Son action, pour être efficace, ne peut pas s’exercer sur le plan des mots, sur le plan de la langue, mais sur le plan du sens ; et il doit fournir un message équivalent, pour obtenir le même résultat, produire le même effet.
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C’est un peu comme « the proof of the pudding » :
La preuve de la qualité d’une interprétation est dans son résultat.
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Je n’ai pas l’intention de donner ici la biographie de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer, dont les éléments figurent dans l’ouvrage de Colette Laplace (cf. Références). Je veux simplement rappeler que la Théorie du sens est née de l’interprétation.
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Et pourtant, Danica Seleskovitch a commencé par refuser qu’elle puisse s’appliquer à la traduction écrite… Ce sont les traducteurs qui l’ont convaincue du contraire.
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Car ce qui était d’une vérité criante en interprétation de conférence l’est aussi pour notre quotidien.
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Nous savons bien, aujourd’hui, que même si chaque langue est en fait un code, il ne suffit pas de mettre deux codes en parallèle grâce à l’informatique pour obtenir un résultat valable. Bien sûr, certains progrès ont été accomplis dans l’utilisation des capacités extraordinaires de l’ordinateur, mais les espoirs immenses que l’on plaçait en lui voici quelques décennies ont abouti à un certain nombre d’impasses. D’innombrables exemples, et la survie même de la race des traducteurs, nous en apportent la preuve.
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Quel est donc le principe essentiel, la pierre angulaire de la Théorie interprétative, ou Théorie du sens, que l’on appelle aussi parfois Théorie de l’École de Paris ? La traduction n’est pas un travail sur la langue, sur les mots, c’est un travail sur le message, sur le sens. Le traducteur doit, dans un premier temps, comprendre, et, dans un deuxième temps, dire.
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Que voilà bien des vérités premières ! Qu’y a-t-il donc de si nouveau dans tout cela ? N’est-ce pas ce que nous faisons tous, tous les jours et du matin au soir, pour ne pas dire du soir au matin ?
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Se souvient-on in extenso de ce qu’un interlocuteur nous dit, d’un itinéraire, d’un mode d’emploi, d’une recette ? Pas du tout. Nous suivons la démonstration, nous la comprenons, mais nous abandonnons en route la plupart des mots pour saisir le sens et reconstruire un nouvel énoncé, un énoncé équivalent et exprimé dans un langage naturel, spontané.
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Oui. C’est vrai. Nous sommes exactement comme le M. Jourdain du Bourgeois Gentilhomme, qui faisait de la prose sans le savoir, et qui en fut tout esbaubi.
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Plus exactement, c’est ce que nous devons faire, et c’est surtout ce que fait tout traducteur praticien digne de ce nom, en produisant une traduction qui ne doit pas avoir l’air d’une traduction.
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Pour la Théorie du sens, il s’agit de déverbaliser, après avoir compris, puis de reformuler ou ré-exprimer, et le plus grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer est d’avoir démontré à quel point ce processus est non seulement important, mais également naturel.
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C’est un peu comme le phénomène de la marche : comment fait-on pour marcher ? On avance un pied, on fait porter le poids du corps sur la jambe terminée par ce pied, puis on soulève l’autre pied, on l’avance pour le placer devant le premier, on fait porter le poids du corps sur cette seconde jambe, et ainsi de suite. Il suffit de le faire pour en donner une démonstration.
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De même, l’opération traduisante, qu’elle soit orale ou écrite, comporte deux « mouvements » : COMPRENDRE et DIRE.
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Il est bien évident que ces deux phases nécessitent la possession d’un certain savoir : la connaissance de la langue du texte, la compréhension du sujet, la maîtrise de la langue de rédaction.
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Pour les langues, c’est une évidence : on pourrait cependant dire bien des choses à ce sujet, mais je ne m’y attarderai pas aujourd’hui.
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Pour le sujet, une compréhension générale est presque toujours suffisante, ou alors la capacité à approfondir son savoir, pour comprendre le sujet traité. Pas besoin, dans la quasi-totalité des cas, d’être ingénieur pour faire un bon traducteur : on ne nous demande pas de construire l’objet à expliquer, mais simplement de comprendre comment il fonctionne.
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Jusque-là, donc, tout est clair ; mais il faut aussi ce que nous appelons la méthode, le métier : des réflexes bien éduqués, qui vont permettre au traducteur de se prémunir contre les mauvaises surprises, et de se doter des moyens de donner le meilleur résultat. En fait, il s’agit surtout d’adopter à l’égard du texte l’attitude qui permettra de faire face à ces deux exigences successives : COMPRENDRE et DIRE.
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C’est ainsi qu’il faut chercher à qui, et à quel usage, sont destinés aussi bien le texte à traduire que la traduction que l’on en fera, pour être certain de la bonne adéquation entre le résultat et sa destination.
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Il faut aussi savoir que si l’erreur est humaine, le traducteur ne peut en aucun cas se retrancher derrière une erreur du texte d’origine : l’auteur d’origine n’existe plus pour le destinataire final, le traducteur l’a remplacé, effacé ; placé en première ligne, il est de son devoir de résoudre les problèmes, de chercher la vérité, ou, s’il n’y parvient pas, au strict minimum de signaler le problème à celui pour qui il traduit.
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Pour résumer : compétences linguistiques, compréhension du sujet, curiosité, esprit critique, honnêteté intellectuelle, telles sont les qualités que doit posséder le traducteur. Et ce sont elles qui font de notre profession, de nous tous, en fait, quelque chose de tellement merveilleux… Avouez que c’est stimulant !
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Étant absolument, obstinément, une praticienne, je ne me lancerai pas dans une démonstration fondée sur les grands mots, sèmes, nèmes ou mèmes : je vous ai apporté quelques exemples issus de ma pratique quotidienne, qui montrent que la Théorie du sens s’applique aussi bien à la traduction écrite qu’à la traduction orale qu’est l’interprétation, et avec autant de justesse à la traduction technique qu’à la traduction littéraire.
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Commençons par le côté technique.
33 Example
Extrait d’un rapport intitulé « Conceptual Study of Refuelling Facilities », qui étudie le projet de construction d’un dépôt de carburant d’aviation dans un aéroport d’un pays d’Afrique, à l’occasion de l’agrandissement de cet aéroport.
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Le rapport, établi par une société britannique, a passé en revue la construction et l’alimentation du dépôt, la sécurité et la protection contre l’incendie, etc. Nous en arrivons au paragraphe
Mobile refuelling equipment would normally be parked … The worshop facilities may form part of… As the depot is presently planned to be located landside there will be a requirement for separate security provision. For strategic and economic reasons consideration should be given to placing the depot airside as it would be provided a greater degree of security.
5.7 Other considerations
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Deux termes intéressants : landside et airside. Ils ne sont pas courants, pas répertoriés. Les dictionnaires (c’est souvent le cas) ne sont d’aucune aide. Essayons de les décomposer pour les élucider, en nous appuyant aussi sur le contexte.
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Il y a visiblement opposition entre land et air, mais dans quel sens ? Le premier qui vient à l’esprit est le sens vertical, mais le résultat est un peu étrange : un dépôt de carburant aérien plutôt qu’au sol ? Ce n’est pas très logique, d’autant que toutes les descriptions techniques antérieures parlent de réservoirs enterrés, protégés par une couche de terre, avec des évents, etc.
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Dans le sens horizontal, landside pourrait être l’opposé de seaside, mais l’aéroport est à l’intérieur du continent, pas au bord de la mer. Il n’y a pas non plus de grand lac à proximité, ou de grand fleuve ; d’ailleurs le texte ne comporte pas seaside.
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Logique, viens à mon secours ! Si airside assure une meilleure sécurité quelandside, se pourrait-il que la protection soit le fait d’une clôture ?
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Dans ce cas, airside pourrait désigner le côté « avions », c’est-à-dire l’intérieur du périmètre de l’aéroport, et landside l’extérieur de ce même périmètre ? Essayons :
La construction du dépôt étant actuellement prévue à l’extérieur du périmètre de l’aéroport, il faudra prévoir des mesures de sécurité séparées/complémentaires. Pour des raisons économiques et stratégiques, il faudrait envisager de placer le dépôt à l’intérieur du périmètre, où il bénéficierait d’une meilleure protection.
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Cela marche ! Et ce n’est vraiment pas une traduction sur le plan des mots…
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Autre exemple technique :
Extrait d’un article d’une revue américaine (Popular Science) intitulé « Warnings for drowsy drivers », qui passe en revue, illustration à l’appui, divers dispositifs de sécurité automobile, active et passive, en cours de mise au point. Voici l’une des légendes de la figure :
Gas and temperature sensors monitor the engine compartment for fire after a crash. A fire extinguishing system can be triggered automatically or by the driver.
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La seconde phrase est claire, mais quel est le sens de la première ? S’agit-il simplement, comme me l’ont dit un certain nombre d’étudiants lorsque nous avons travaillé sur ce texte en cours, de surveiller (to monitor) le moteur pour voir s’il prend feu (for fire) en cas de collision ? Ce serait gentil, mais peu utile, donc ridicule.
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Ici, les termes techniques sont assez faciles à découvrir, mais c’est leur utilisation qui pose un problème.
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Quels sont les facteurs capables de déclencher un incendie dans le compartiment moteur d’une voiture ? Les émanations de vapeurs d’essence dues à une fuite, combinées avec une surchauffe. L’important, c’est donc de déceler (d’où la présence de sensors) une hausse de température et les traces de vapeurs d’essence (gas), pour pouvoir éviter l’incendie, en cas d’accident, par le déclenchement automatique ou manuel du système d’extinction.
Proposition : Des capteurs de vapeur d’essence et de hausse de température placés dans le compartiment moteur signalent tout risque d’incendie en cas de collision. Le système d’extinction peut être déclenché automatiquement ou par le conducteur.
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On pourrait bien sûr formuler cela de diverses manières – c’est un jeu auquel tout traducteur est rompu, mais pour l’essentiel cette rédaction fonctionne.
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Troisième exemple : encore un article sur l’automobile… cette fois, c’est la présentation du système ABS, qui évite le blocage des roues en cas de freinage brutal, et que tout conducteur connaît bien.
Whether they admit it or not, most drivers react to a sudden emergency by slamming on the brakes in blind panic, hoping to stop before crashing. Unfortunately, in many cases the result is that the brakes lock – especially on wet roads – causing the car to skid right into whatever is in its way. Skidding tires will not steer.
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Le sens du début du paragraphe est clair : sous l’effet de la panique ou de la surprise, un conducteur a effectivement tendance à appuyer à fond sur la pédale de frein, avec pour résultat un dérapage non contrôlé qui aboutit généralement dans le décor.
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C’est la courte phrase finale qui pose un problème. La traduction de ses termes techniques n’est pourtant pas difficile à trouver dans un dictionnaire. To skid : déraper ; Tires : pneus ; To steer : conduire.
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Seulement, leur utilisation sur le plan des mots débouche sur une formulation qui n’est guère satisfaisante : « Des pneus qui dérapent ne conduiront/conduisent pas. » Même si l’on remplace conduire par diriger, cela ne fonctionne pas de manière satisfaisante.
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En fait, que veut dire l’auteur ? Qu’une voiture dont les pneus glissent sur la route, parce que ses roues sont bloquées par les freins, ne répond plus au conducteur, au volant.
Proposition : Une voiture dont les roues se bloquent devient incontrôlable.
51
Ici, nous avons donc abouti à : To skid = bloquer ; Tires = roues ; et To steer = maîtriser, contrôler (répondre au volant).
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Je peux vous assurer que vous ne trouverez jamais ces traductions dans un dictionnaire…
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Encore un petit exemple, que j’ai rencontré tout récemment et qui relève du domaine juridique.
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C’est à la suite de l’examen effectué par une société d’audit qu’un responsable écrit une lettre générale exprimant un certain nombre de réserves, et entre autres celle-ci :
Importantly, our work was frustrated by developments in the Group and our ability to get sufficient timely assistance from management or their advisors and reliable information.
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Tout l’intérêt de cet exemple est dans la contradiction visible entre la gêne subie par les auteurs, dont témoigne frustrated, et le terme ability qui vient ensuite. Ont-ils, oui ou non, été gênés dans leur travail ? Ont-ils, oui ou non, obtenu de la Direction et des conseils de celle-ci les informations dont ils avaient besoin ?
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Nous avons tous eu l’occasion de rencontrer des textes où l’auteur avait mal choisi ses termes, avait laissé passer une négation de trop, s’était trompé dans sa syntaxe, et finissait par dire le contraire de ce qu’il souhaitait. C’est probablement le cas ici : l’auteur de cette lettre rend compte d’une situation délicate, mais il choisit mal son terme. Il faudra donc introduire, à la place de la traduction de ability (possibilité, capacité), la notion d’une difficulté, d’une incapacité.
Proposition : Il faut noter que notre travail a été entravé par les développements survenus au sein du Groupe et notre difficulté à obtenir de la Direction ou de ses conseillers une assistance suffisante et opportune et des informations dignes de confiance.
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Dans tous ces cas, il a fallu que le traducteur fasse appel à sa jugeotte, à sa logique, qu’il prenne le temps de comprendre avant de se lancer dans une formulation nouvelle.
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Il a fallu qu’il passe par le sens. Il a fallu qu’il déverbalise pour ré-exprimer, qu’il trouve une équivalence.
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Pourtant, la traduction technique est souvent considérée comme tellement facile ! tellement simple ! Il suffit d’un bon dictionnaire ! Il suffit de trouver les termes appropriés !…
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Parlez-moi de la traduction littéraire : voilà qui est difficile, délicat, et tout et tout…
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Oui, c’est vrai : en traduction littéraire, il faut respecter, plus encore qu’en traduction technique, les choix de l’auteur du texte, et cela vient ajouter une difficulté à toutes les autres.
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Mais ce n’est pas pour autant que l’on est libéré de la recherche du sens, du message, et des intentions de l’auteur. Diable non !
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Voici un exemple tiré de l’un des romans de Patrick O’Brian, auteur d’une vaste saga historique et maritime dont j’ai déjà traduit 13 tomes depuis 1996 – il m’en reste 3.
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Les deux personnages principaux sont le capitaine Jack Aubrey, officier de la Royal Navy, la marine à voiles du début du xixe siècle, l’époque de Nelson, et son ami le chirurgien du bord, Stephen Maturin, médecin, naturaliste, agent secret. Le premier a navigué dès son plus jeune âge et sa culture est un peu incertaine – sauf en musique et en mathématiques ; le second est profondément, diaboliquement cultivé.
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Dans le volume intitulé The Fortune of War, au chapitre 7, Jack Aubrey parle à Stephen d’un de ses amis d’enfance dont la vie est attristée par une épouse maladive :
… I wondered that he could bear it ; but he did, just like one of your old Stoics ; or a patient on the Monument, as they say.
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Panique à bord… le Monument, c’est cette colonne qui, à Londres, commémore la grande peste et le grand incendie, et qui donne même aujourd’hui son nom à une station de métro. Que vient-il faire ici ? Aurait-on l’habitude d’installer des patients, des malades, en haut de cette colonne ? Et pourquoi faire ?
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L’avantage, lorsqu’on traduit un auteur vivant, c’est qu’on peut l’interroger en cas de doute : Patrick O’Brian était encore de ce monde lorsque j’ai traduit cet ouvrage, et il m’a gentiment répondu qu’il s’agissait d’une plaisanterie au 2e ou même au 3e degré… La citation d’origine est tirée d’une pièce de Shakespeare, Twelfth Night (Act 2, Scene IV). Il s’agit d’une jeune fille qui se meurt d’amour sans en rien dire :
And with a green and yellow melancholy
She sat like Patience on a monument,
Smiling at grief.
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J’ai trouvé la traduction de ce passage, dans mon édition de Shakespeare (La Pléiade), à la scène IV, acte 2, de La Nuit des Rois :
Dévorée d’une blême et jaune mélancolie, elle était assise comme la Résignation sur une tombe, souriant à son chagrin.
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Très bien. Mais Jack Aubrey ne cite pas le texte ! Il parle de « a patient on the Monument », c’est assez différent. Pourquoi ? Parce que cet homme, combattant remarquable et mathématicien génial, a fréquenté fort peu l’école ; sa culture, il l’a acquise en lisant, et il mélange souvent les références, les proverbes. Il est tout à fait capable de dire « Il faut verrouiller la porte de l’écurie quand le cheval est parti » ou encore « Je ferai d’un coup deux pierres ». Le lecteur en sourit, au fil des pages, avec un peu de tendresse, de sympathie. Et là, Jack Aubrey s’est encore mélangé les pieds.
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Son interlocuteur est son ami le médecin, alors il dit « a patient ». Et il connaît bien le Monument, à Londres ; et s’il sait bien que dans La Nuit des Rois cette malheureuse est le symbole de la souffrance muette, il oublie qu’elle se comporte en statue de monument funéraire.
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Si j’avais écrit, sur le plan des mots, « il le supportait, comme… un patient sur le Monument », personne n’aurait rien compris : qui, parmi les Français lecteurs de romans maritimes et historiques, connaît La Nuit des Rois ? Même parmi les anglophones, ce n’est pas très courant. Et personne n’aurait ri ou souri.
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Ayant bien cherché, j’en suis arrivée à :
… je me suis étonné qu’il puisse le supporter ; mais il se comportait comme un de vos stoïques ; ou comme Prométhée sur son tonneau, comme on dit.
73
Pourquoi Prométhée, pourquoi le tonneau ? Parce que c’est aussi incongru qu’un patient en haut d’une colonne londonienne, parce que le lecteur ne peut pas éviter de se dire « Ah, bon, il s’est encore trompé dans ses aphorismes », et de sourire. On aurait certes pu trouver autre chose, et mieux, sans doute, mais je n’ai pas été plus loin – j’espère qu’on me le pardonnera.
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Je pourrais, dans le même ordre d’idée, vous faire part d’autres difficultés semées sous mes pas par cet auteur que j’adore et dont la traduction me donne un plaisir infini. Ce qui me rend désormais la tâche plus difficile, c’est qu’il est mort, début janvier 2000, et que je suis réduite à mes propres forces, ou à celles de mes amis !
75
Je conclurai avec un petit exemple frappant des bêtises que l’on peut commettre lorsqu’on se mêle de traduire sans être traducteur.
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Tout récemment, une marque de produits pharmaceutiques a lancé une campagne télévisée pour des patches antitabac. Le spot en question (30 secondes en prime time) montrait une grande cigarette (en fait, une personne enveloppée d’un tube blanc, avec en guise de chapeau une section de la couleur d’un filtre), qui s’approche d’une dame vêtue comme vous et moi. Cette dame sort de son cabas un gros poulet plumé, sans tête, prêt à cuire, le prend par le cou et cogne avec vigueur sur la cigarette.
Commentaire oral : « Ce n’est pas avec une dinde froide que vous en viendrez à bout ».
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J’ai soumis cet exemple à diverses personnes, francophones, anglophones, toujours avec le même résultat : la compréhension, quand elle vient, est très, très tardive.
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Bien sûr, vous savez, vous, que « cold turkey » désigne un sevrage brutal mais combien de téléspectateurs français le savent ? Ceux qui ont eu affaire aux drogues, à la désintoxication, oui, et quelques autres qui lisent en anglais, mais à part cela ?
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C’est ce que l’on pourrait appeler une campagne ratée, de l’argent jeté par les fenêtres. Je dois dire que le spot n’a pas été diffusé très longtemps.
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Ah, si Nicorette avait fait travailler un traducteur, un vrai, le résultat aurait sans doute été plus efficace… différent, en tout cas, surtout s’il s’était agi d’un traducteur connaissant la Théorie interprétative et qui aurait su dépasser le niveau des mots pour parvenir au niveau du message : car il aurait su expliquer à son client que la dinde froide ne passait pas du tout et qu’il fallait trouver autre chose !